Le 27 juin 2022
Charlie Parker, saxophoniste de génie, va révolutionner le jazz de son époque. Clint Eastwood, loin des films d’action qui ont fait son succès, réalisait une biographie sensible et respectueuse de l’un de ses musiciens préférés.

- Réalisateur : Clint Eastwood
- Acteurs : Forest Whitaker, Tony Todd, Keith David, Diane Venora, Michael Zelniker , Samuel E. Wright , Michael McGuire , Bill Cobbs
- Genre : Drame, Biopic, Musical
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Les Acacias, Warner Bros. France
- Durée : 2h34mn
- Reprise: 20 juillet 2011
- Date de sortie : 1er juin 1988

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Résumé : 1955. Une nuit d’orage, le saxophoniste Charlie Parker (Forest Whitaker) rentre chez lui saoul et énervé. Chan, sa compagne (Diane Venora), craint qu’il s’en prenne à leur jeune fils. Désemparé, il s’enferme dans la salle de bains et tente de se suicider.
Critique : Le musicien, conduit à l’hôpital, pourtant encore jeune, souffre de plusieurs pathologies, notamment de déficience cardiaque et de cirrhose.
Il va se souvenir des grandes étapes de sa vie : Ses débuts dans les années 1930 ont été chaotiques, ses compositions et sa façon de jouer du saxophone déconcertaient énormément, y compris chez certains des collègues avec qui il jouait. Mais peu à peu, son talent unique et visionnaire va le faire reconnaître comme l’un des plus grands musiciens du jazz de son époque. Mais, malheureusement, ses diverses addictions vont compliquer et souvent contrarier son ascension.
Clint Eastwood surprit le public avec cette biographie musicale bien loin des polars et westerns qui avaient fait sa renommée jusque-là. Seul, l’un de ses précédents longs métrages, Honkytonk Man (1982), fiction sur un chanteur de country des années 1930, qu’il interprétait lui-même, donnait une place prépondérante à la musique.
Pour sa deuxième réalisation après Breezy (1973) dans laquelle il ne joue pas, le cinéaste centre son récit sur les moments clés de la vie de Parker, savamment agencés dans une suite de flash-back parfois inclus les uns dans les autres.
Le film, sans négliger les prouesses musicales, illustrées dans plusieurs scènes, décrit principalement l’enfer de la drogue et de l’alcool vécu par le musicien, qui a totalement miné son existence, et ce malgré le soutien indéfectible de son épouse Chan.
Les décors somptueux d’Edward C. Carfagno et la belle lumière de Jack N. Green, souvent nocturne, participent largement à la grande élégance de cette évocation admirative due à un cinéaste passionné par le jazz et ses grandes figures dont Parker est l’un des plus beaux exemples.
Il faut signaler que la superbe bande-son a été enregistrée pour le film avec de nouveaux musiciens, mais en reprenant des prises originales de Parker. Le résultat, s’il peut déplaire aux puristes, est tout à fait bluffant.
Forest Whitaker, présent dans la majorité des scènes, est stupéfiant de justesse, en mêlant une vraie délicatesse à une sorte de maladresse pachydermique. Ce rôle lui a valu le prix de la meilleure interprétation masculine au Festival de Cannes 1988.
Clint Eastwood, avec cette œuvre délicate en hommage au jazz qu’il affectionne, prouvait, si besoin était, toute l’étendue de son talent de cinéaste.