Le 6 février 2020
Un livre d’un ennui placide qui aborde une nature sublimée.
- Auteur : Kathleen Dean Moore
- Editeur : Gallmeister
- Genre : Récit
- Nationalité : Américaine
- Traducteur : Camille Fort-Cantoni
- Titre original : Holdfast
- Date de sortie : 2 janvier 2019
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Résumé : Parcourant l’Ouest américain, des côtes sauvages de l’Oregon aux rivages de l’Alaska, ce recueil s’appuie sur l’observation de phénomènes naturels pour nous replacer dans l’immensité du monde, mais aussi, tout simplement, auprès de nos proches. Avec respect, amour et délicatesse, chacun de ces brefs récits est l’occasion de se recentrer sur l’essence même des choses et de saisir la cristallisation de chacune de nos émotions pour mieux nous connaître nous-mêmes.
Notre avis : L’autobiographie de cette professeure de philosophie commence sur les chapeaux de roues, avec le suicide d’une de ses étudiantes. Une mort qui pousse l’auteure à s’interroger sur l’existence. Mêlant ses souvenirs du passé au concret du présent, l’enseignante emprunte un chemin sinueux à travers des thématiques sociétales difficiles, comme l’euthanasie.
Il s’agit d’un ouvrage dont le point d’ancrage est le rapport à une nature sublimée. On rencontre ainsi des loups dans un bois nocturne ou on lit encore la contemplation d’un ciel durant lequel le temps du narrateur, mais aussi du lecteur, semble léthargique. Dans ces moments atemporels, se faufilent des contextes qui ravivent certains souvenirs chez le récepteur, car nos rapports liminaires à la nature sont universels.
Ainsi, dans ce texte, la temporalité ne cesse d’être désossée, non-linéaire, ce qui en fait sa principale originalité.
Mais cela ne suffit pas à compenser la valeur stylistique de l’œuvre. Entre des descriptions interminables et complexes, mêlées à un manque de simplicité, le lecteur se perd dans les méandres de la plume de Kathleen Dean Moore. À trop vouloir sublimer son sujet, elle le défigure avec un surplus d’adjectifs qualificatifs et de comparaisons, qui finissent par nous noyer dans un amas littéraire. Cette abondance de procédés met un voile sur les défauts de la narration nébuleuse. La page 150 du Petit traité de philosophie naturelle résume parfaitement le texte : “prononcer de grands mots, des phrases compliquées”.
Qui plus est, on est face à des scénettes autobiographiques de la vie quotidienne de l’auteure, mêlées à des réflexions philosophiques de grands penseurs. De là à traduire le titre original Holdfast par Petit traité de philosophie naturelle... on a affaire à une interprétation éditoriale hyperbolique. Cependant, au sein de l’œuvre, la traduction est à saluer, étant donné sa qualité rédactionnelle qui permet une lecture fluide et rythmique.
Au fil des pages, on se rend compte qu’on est face à une philosophe qui se mire dans sa propre écriture. Le manque de naturel littéraire (ce qui est un comble pour une œuvre sur la nature) est criant. Sur 180 pages, il y a bien entendu des passages passables, voire intéressants. Mais pour les atteindre, il faut engloutir un tas de chapitres soporifiques sur des poissons flottants ou des passages didactiques, comme le fonctionnement du sommeil des baleines.
Kathleen Dean Moore peine à trouver son style littéraire. Elle tente ainsi plusieurs techniques dont l’insertion de citations philosophiques intemporelles, signées Nietzsche et Kant, par exemple. Son âme artistique peine à s’exprimer, malgré une réelle envie de l’auteure de partager son rapport à la nature. N’est pas écrivain qui veut.
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