Mon enfer
Le 2 février 2018
Un délire sensoriel d’une puissance exponentielle. Perez réussit une forme de chef d’oeuvre underground, totalement extatique. Bienvenue dans son Berghain.


- Genre : Vidéo-clip
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- (C) Camille Vivier
Notre avis : Le second album de Perez n’est pas le fruit d’un compromis pour s’ouvrir aux audiences plus larges. Exit Barclay/Accelerason, voilà l’étoile montante de l’underground pop destroy, aux commandes de son propre label, pertinemment intitulé Etoile Distante. Avec une pochette arty qui vire le portrait boudeur du Bordelais en faveur d’une étonnante représentation picturale qui n’est pas là pour vendre du format vinyl pour l’élégance de son artwork, l’album Cavernes a le ton souterrain d’une production berlinoise, celle de Strip Steve, qui vient exacerber la fibre techno trash du chanteur. Perez semble ainsi enterrer les morceaux pop bien ficelés de son premier opus, pour des directs aux convolutions perfides où les sons électro pèsent (Nevada), suscitant l’impression d’un trip en apnée, où s’entremêlent boucles infernales (Ouroboros), crescendos mortels (Une Nuit), délires érotico-obsessionnels (le truculent single Niki), et house aux beats déments (l’épique et littéraire Le Looping, puissante exercice de style de 8mn).
Dans ce chaos, les occasions de capter la lumière disco du dance floor sont plutôt rares, l’artiste préférant la transe sombre et les loops hypnotiques, encore Looping, justement, mais également le requiem T-shirt, qui est pourtant un hymne sensuel à l’épiderme.
- (C) Camille Vivier
Dans sa puissance, Cavernes transcende, dans sa ferveur sensorielle, il éveille nos sens. Et dans ses noirceurs, il convie à l’humilité. Le délire clubbing concupiscent, maniaco-excitant, bousille les neurones comme un acid effervescent d’une décennie nineties, avec le même sourire béat des ados de l’époque, réduit aujourd’hui à la mélancolie du Dernier tube de l’été, premier single de l’album et morceau le plus accessible.
De ce projet dingue de personnalité, on ressort ébloui, lessivé. Convié à partager quelques recoins caverneux d’un cerveau en plein délire artistico-créatif, l’on se prête au jeu sans trop de résistance, conscient que l’invitation ne durera que l’instant d’un disque. Suivront d’autres chemins que l’on savourera en temps et en heure. Pour l’instant, on n’est toujours pas sorti du diabolique dédale.
– Sortie le 2 février 2018 (Étoile Distante / Differ-Ant)
– En concert le 8 mars 2018 au Badaboum