Perez et Mathilde Fernandez : Walhalla, Berlin et ses liaisons dangereuses

Signe d’une époque où l’on sort d’abord des titres isolés sur les plateformes de téléchargement et de streaming, avant de sortir un ou plusieurs EP, puis un album, Le Dernier Tube de l’été, morceau technoïde aux délices hypnotiques, devient aujourd’hui un EP de quatre titres, avant de rejoindre en février le tracklisting de Cavernes, le nouveau projet long du roi du dance-floor éthylique.
Exit donc le grand intérêt que l’on porte au Dernier Tube de l’été, morceau et clip déjà évoqués ici, et aux abus de grandeurs qu’il nous évoquait, alors qu’il n’a eu depuis de cesse de nous troubler : c’est désormais sur le nouveau morceau, lui-même accompagné d’un clip raide et étrange, que l’on s’intéressera.
Walhalla, est un segment obsessionnel dont l’intro musical, aux boucles infernales aurait pu ouvrir Le Dernier tube... dans une grande cohérence électro-dance que l’on doit notamment à Théo Pozoga, complice d’un album pour des morceaux écumés dans les ambiances underground berlinoises.
Walhalla n’a pas la puissance poétique et le lyrisme des meilleurs morceaux de Perez (La vie nouvelle, Le bar des Musées), mais incarne le versant dark de Perez, et illustre toute sa soif de structuration progressive infernale, avec des éléments orientaux seventies que n’auraient pas reniés La Femme, avant une rupture soudaine et lumineuse, quasi religieuse, dans l’intervention de Mathilde Fernandez, véritable moment d’épiphanie de cet ensemble de quatre titres.
La suite de l’EP s’inscrit encore dans les prolongements noctambules des virées de Perez dans un environnement toujours plus underground qui sent les excès et la transe. Kaleidoscopique n’a qu’un titre à répéter en guise de lyrics et s’inscrit dans une progression électronique qui n’est pas sans évoquer les afters trance-progressive des insomniaques. Les rigolos y verront une ressemblance avec les kitscheries répétitives de Lil Louis dans les années 90 (le tube French Kiss), d’autres fermeront les yeux et se laisseront portés jusqu’au bout de l’hiver, dans l’attente de l’album dont le virage techno devient aujourd’hui une évidence. Le remix du Dernier tube de l’été, proposé en titre de clôture de l’EP, affirme une assise "indus" totalement caverneuse et corrobore définitivement le good-trip à venir.