Le 9 mars 2021
Ce sixième film de Dino Risi est une comédie légère, attachante et subtilement mélancolique.
- Réalisateur : Dino Risi
- Acteurs : Renato Salvatori, Lorella De Luca, Ettore Manni, Marisa Allasio, Memmo Carotenuto, Maurizio Arena, Alessandra Panaro
- Genre : Comédie
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Les Films du Camélia , Les Films Marceau-Cocinor
- Durée : 1h41mn
- Date télé : 19 février 2024 22:40
- Chaîne : OCS Géants
- Reprise: 5 août 2015
- Titre original : Poveri ma belli
- Date de sortie : 15 avril 1959
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– Année de production : 1957
Résumé : L’amitié de Romolo et Salvatore, deux garçons très intéressés par la gent féminine, est mise à rude épreuve par la rencontre de Giovanna : ils se disputent afin d’obtenir les faveurs de la belle qui finit par leur préférer un troisième larron. Romolo et Salvatore finissent par se rendre compte qu’il est aussi possible et agréable de perdre la tête pour leurs sœurs respectives.
Critique : La sœur de Romolo aime Salvatore ; celle de Salvatore aime Romolo ; mais Romolo et Salvatore, dragueurs invétérés, aiment Giovanna, qui ne parvient pas à oublier Ugo. Ce pourrait être une tragédie, avec jalousie et haine, combat mortel. Mais Dino Risi n’est pas un tragique, il observe son petit monde coloré avec tendresse et s’amuse de leurs petits mensonges ou de leurs forfanteries. Il prend même des éléments tragiques pour les détourner : le chœur antique est une bande de garçons moqueurs ; les parents, loin d’être des gages de moralité, se révèlent particulièrement incompétents et dépassés et s’il y a un combat final, il est aussi dérisoire que peu violent. Rien n’est grave dans cette petite histoire ensoleillée et c’est ce qui fait le charme du film. On s’amuse en particulier de la façon dont chaque élément potentiellement dramatique ou émouvant est désamorcé : la bouteille de vin réservée pour les noces d’or a ainsi déjà été bue par le père concierge. Il faudrait d’ailleurs s’attacher à de nombreuses séquences pour montrer la diversité et la richesse des moyens utilisés par Risi pour ruiner toute velléité de sérieux. Rien de grave, ni de pesant : on ne meurt pas en tombant d’un pont, on se fâche aussi vite qu’on se rabiboche.
- © Les Films du Camélia
L’intelligence du cinéaste, et sa grande réussite, est qu’à partir de cette histoire infime, dans laquelle il ne se passe au fond pas grand-chose, il parvient à nous intéresser à ces personnages notamment par son goût du quiproquo, mais aussi sa science du cadrage qui ne cesse de dévoiler de l’inattendu : par exemple, quand Salvatore fait des (fausses) confidences à Romolo, la caméra révèle qu’Ugo écoute, ce qui sera un argument pour reconquérir Giovanna. Il s’appuie également sur des dialogues savoureux, qui moquent constamment des clichés « romantiques » (la lune, la Grande Ourse …) et des interprètes très justes, aussi à l’aise dans l’exagération que dans un registre plus subtil.
Subrepticement, ce faux film d’initiation distille une réflexion nostalgique sur la difficulté de grandir qui évoque par moments I Vitelloni de Fellini. Mais Risi refuse la profondeur du maestro pour réussir une comédie légère qui repose sur un rythme sautillant et joyeux. Si l’on rit peu, on sourit sans cesse, et, malgré l’anachronisme, on pourrait parler de « feel good movie ». Pauvres mais beaux distille sans aucune mièvrerie une séduction tenace, appuyée sur un métier déjà très sûr : ce n’est encore qu’un début de carrière pour le cinéaste, loin des comédies féroces qui feront sa gloire, mais l’attention aux personnages, la finesse discrète de la mise en scène, la légèreté du propos élèvent le film au-delà du tout-venant cinématographique.
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