Le 13 mai 2020
Ce roman aux teintes surannées a un charme certain, mais est desservi par de trop nombreuses longueurs aristocratiques.
- Auteur : Julian Fellowes
- Editeur : 10/18
- Genre : Roman
- Nationalité : Anglaise
- Traducteur : Jean Szlamowicz
- Titre original : Past Imperfect
- Date de sortie : 4 juin 2015
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
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Résumé : Le narrateur, à l’approche de la soixantaine, reçoit avec surprise une invitation de Damian Baxter, son vieil ennemi qu’il n’a pas revu depuis des vacances au Portugal dans les années 1970. Mourant, le vieil homme le missionne en effet pour retrouver les femmes qu’il a côtoyées lors des bals de la Saison 1968 où se croisaient Débutantes et riches héritiers... Fantômes du passé et souvenirs douloureux s’emmêlent alors que le narrateur commence sa quête.
Critique : Soie, taffetas, queue de pie et haut-de-forme. Julian Fellowes, scénariste de la série Downton Abbey, sait décidément immerger le lecteur dans le microcosme de l’aristocratie britannique.
Le temps qui passe, les décennies qui altèrent le prestige d’un titre de noblesse ou d’un titre honorifique, qui ternissent une fortune et décrépissent un manoir, voilà ce à quoi s’attaque l’auteur dans Passé imparfait. Son narrateur, avec qui il partage de nombreuses ressemblances, se retrouve soudainement, à soixante ans, confronté à sa jeunesse dorée et à la Saison des Débutantes de 1968, vécue auprès de tant d’autres personnes bien nées. Les filles se croisent, deviennent femmes en quelques lignes avant de soudainement rajeunir la page suivante : passé et présent s’entremêlent sans que le lecteur puisse bien dire comment. Les souvenirs prennent le pas sur le quotidien, l’envahissent alors que Damian Baxter, vieil ennemi du héros, se rapp à son bon souvenir. Mourant, il lui confie une quête étrange et éprouvante qui replonge ce narrateur anonyme dans les dernières heures de gloire de l’aristocratie britannique.
Des digressions font parfois perdre le fil, reviennent sur des détails qui sembleront insignifiants à toute personne extérieure à l’Angleterre et à sa hiérarchie sociale si particulière. Certains passages semblent interminables, et l’auteur aurait pu sans mal faire l’économie d’une centaine de pages (au moins).
Cependant, l’ivresse de ces jeunes héritiers rend parfois ce roman enivrant. Nombreux, trop nombreux, ils frôlent le lecteur comme dans un bal devenu imaginaire mais qui n’en est pas moins perpétuel, le grisent et le déséquilibrent : Julian Fellowes le rattrape malgré tout juste, avant qu’il ne tombe et insuffle un nouvel élan de vie au livre dans son dernier quart. Il lui confère une irrévérence et une cocasserie savoureuses, une distance critique qui ne peut que faire sourire – si toutefois le roman n’a pas été refermé avant. L’atmosphère est à la fois ternie et poussiéreuse, tout en conservant un charme désuet, suranné. Quant à la trame de Passé imparfait, elle est impénétrable et si des parties sont créées pour rassurer et guider le lecteur, ce ne sont en fait que des leurres le perdant davantage dans les galeries des demeures monumentales dont il est question. Le temps file, étiole amitiés et faux-semblants, richesse et beauté, mais le passé est presque plus présent dans ces pages que le présent lui-même, les personnages en orbite autour de notre protagoniste étant pris dans une ronde infernale et éternelle, gravitant autour de leur éclat perdu.
Julian Fellowes - Passé imparfait
Éditions 10/18
624 pages
108 x 177 mm
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