Le 1er janvier 2022
Le musée du Louvre propose jusqu’en février 2022 une exposition dédiée, témoignant du lien que la France et la Grèce, Paris et Athènes ont tissé, depuis sa redécouverte en 1675 par l’ambassadeur de Louis XIV, jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale. Ce fil rouge, incrusté d’objets et porteur d’influences, unit les deux pays et l’Europe tout entière.
- Auteur : Jean-Luc Martinez
- Editeur : Hazan
- Genre : Art & Culture
- Nationalité : France
- Date de sortie : 27 octobre 2021
- Plus d'informations : Hazan
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Résumé : Catalogue de l’exposition « Paris-Athènes. Naissance de la Grèce moderne 1675-1919 » au musée du Louvre du 30 septembre 2021 au 7 février 2022. En 2021, la Grèce fête le bicentenaire de sa guerre d’indépendance ; c’est également il y a 200 ans, en 1821, que la Vénus de Milo est entrée dans les collections du musée du Louvre. L’ouvrage revient sur les différents liens culturels, diplomatiques et artistiques qui unissent la France et la Grèce entre le XVIIe et le début du XXe siècle, depuis l’ambassade du marquis de Nointel à Constantinople jusqu’à l’exposition indépendante du groupe grec Techne à Paris. La France redécouvre par le biais de ses ambassadeurs, ses artistes et ses archéologues une Grèce fortement imprégnée de son passé byzantin et ottoman. L’histoire antique de la Grèce est sans cesse enrichie par les nombreuses fouilles qui permettent d’apporter le concours de la science à l’archéologie, auparavant essentiellement littéraire. Après son indépendance, l’enjeu primordial pour la Grèce est de se créer une identité propre et surtout moderne : l’Europe, fortement impliquée dans cette Révolution, fait circuler des modèles, des idées et exerce son influence sur le nouvel état. A travers de nombreux médiums, la peinture, la sculpture, l’archéologie, la littérature, le costume, l’architecture, la photographie, nous découvrons l’ampleur de ces relations et la construction de l’identité grecque moderne au contact des nations européennes. Cette brève histoire des relations franco-grecques permet de mettre en lumière ce que la Grèce doit à la France, mais également ce que la France doit à la Grèce.
Critique : Le catalogue reflète l’ambition de l’exposition, qui ne présente pas une cohérence d’objets des collections du Louvre, accompagnée de commentaires de contexte, mais des objets disparates au service de la relation, au sens large du terme, entre les deux pays. Il s’agit pour le musée national de réaffirmer avant tout l’attachement politique et culturel à la nation grecque, antique et moderne, en célébrant l’indépendance acquise de haute lutte vis-à-vis de la domination ottomane, musulmane.
- Copyright Hazan
L’histoire qui est contée ici n’est pas celle de l’Antiquité, mais celle de sa redécouverte et de sa collection, celle de l’hellénisme, du néo-hellénisme et tous les autres noms que l’histoire a su donner à cet engouement réciproque. Quoi qu’on pense, même injustement, la Grèce moderne n’a de fait plus l’aura de son histoire, pas davantage que la Rome italienne n’a celle de l’Empire romain ou Le Caire, celle des pharaons. De cet âge d’or du bassin méditerranéen, le Louvre conserve notamment deux chefs-d’œuvre, deux sculptures, aux membres amputés par le temps, qui ont construit l’image de la Grèce, mais aussi les courants artistiques occidentaux jusqu’en 1919 : "La victoire de Samothrace" et "La Vénus de Milo". Ces deux sculptures n’ont plus leurs bras (est-ce un signe de l’évolution de leur puissance ?), l’une a des ailes en ajout, mais a perdu la tête au passage. En les regardant toutes les deux, on a le sentiment d’une maîtrise technique inégalée, d’être face à l’histoire de notre origine, même inventée. La question revient sans cesse à celui qui les interroge du regard : comment de telles productions artistiques ont-elles vu le jour ? Somme toute, comment une civilisation a-t-elle pu naître brillamment cinq cents ans avant notre ère commune et s’éteindre sous les vagues successives de croyances orientales, chrétiennes et musulmanes ? La nostalgie de ce temps est totale, l’envie d’en perpétuer les principes et de les voir se réincarner, permanente.
Le catalogue intéressera avant tout les spécialistes muséaux qui trouveront probablement exact le carnet de suivi, relatif à la constitution de cette immense collection. Le texte évoque aussi la question des influences esthétiques, offrant quelques éléments d’analyse qui étancheront la curiosité des passionnés d’art.
En revanche, le grand public se trouvera mis à distance, notamment par le parti pris d’une narration diffuse. Si l’auteur a probablement éprouvé un grand plaisir à démontrer sa connaissance du thème dans les canons qu’exige un tel ouvrage, il est fort possible qu’on trouve davantage d’intérêt à un article de presse plus concis et accessible. Il ne s’agit pas d’un reproche, mais d’un constat des conséquences d’un genre ou d’une mode de ce genre qui ne s’adresse pas à tout le monde. Faut-il pour autant être simpliste ou vulgaire ? Non. On se contentera donc de l’esprit général et des images internes de ce livre, fort bien présenté au demeurant.
- Copyright Hazan
Car l’ouvrage est d’une très belle facture, imposant par son volume. Le choix des images des œuvres, leur mise en page et la rédaction sont tout aussi appréciables. On n’en attend pas moins de l’institution et de ses représentants.
Notons pour finir que le choix de la peinture comme couverture est davantage un plaidoyer intellectuel qu’esthétique. Sa dégradation daltonienne et son recadrage sont discutables. On se demande si la Grèce n’est pas incarnée par une Vénus grise, immortelle, courtisée à nouveau par un officier.
Une interprétation probablement douteuse, inspirée de la vente récente par la France à la Grèce de frégates militaires pour un montant équivalent à des milliards. L’amour est au beau fixe, donc ! On ne peut pourtant pas l’évacuer aisément dans le rapprochement fortuit de deux actualités, même hasardeux, étant donné l’ambition générale de ce catalogue et de l’exposition qui font aussi de l’art un objet politique.
Format : 248 x 293 mm
490 pages
Prix : 39.00 €
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