Les souvenirs de guerre ferroviaires d’un jeune orphelin.

Il aime la solitude et les voyages en train, Benjamin. Alors ce premier boulot qu’il s’est dégotté - fourgueur à domicile d’encyclopédies en tous genres -, il se dit que c’est vraiment ce qu’il lui faut. Même si la relation qu’il entretient avec son patron lui semble étrange et qu’il ne comprend pas pourquoi celui-ci l’envoie en pleine campagne la bible des poissons sous le bras. Il apprend vite qu’un film se tourne là, inspiré d’un épisode fameux de la Résistance : "l’enraillement" d’une Pacific 231 remplie d’armes envoyées à l’ennemi.
Benjamin l’orphelin se retrouve alors projeté sur les rails de sa vie, filant vers son passé à bord d’une locomotive qui lui envoie à la gueule la fumée lourde de l’histoire. Bernard Waller conduit son train en douceur, simplement, d’une écriture un brin désuète, sans jamais forcer sur la noirceur. Le terminus se devine un peu trop et la durée du trajet, déjà brève, aurait peut-être gagné à l’être plus encore. Pas de quoi ruiner pour autant l’émotion qui naît à la lecture de ce voyage troublant.