Le 17 janvier 2019
Les Zombies n’avaient rien de morts-vivants. Leur mythique album, "Odessey and oracle", soutient la comparaison avec n’importe quelle oeuvre des Beach Boys et talonne les Beatles dans l’inventivité.
- Date de sortie : 19 avril 1968
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Sortie : le 19 avril 1968
Notre avis : C’est l’histoire d’un groupe qui n’a pas eu de chance : d’abord révélés par un radio-crochet et une merveille de pépite pop ("She’s not there"), les Zombies sont montés dans le même bateau que les Beatles, les Stones ou les Who pour effectuer la traversée des sixties. Mais eux ont voyagé en troisième classe puis ont débarqué en 1968, écoeurés par l’insuccès de leurs singles respectifs.
Avant de quitter l’aventure collective, le quintette s’offre un dernier plaisir et un premier album, au sein des mythiques studios d’Abbey Road, tout juste abandonnés par les Fab Four et les Pink Floyd. Pendant de longues semaines, les artistes vont bricoler -avec très peu de moyens- ce qui deviendra l’une des plus grandes réussites pop de ces cinquante dernières années, moins impressionnante certes que Sergeant Pepper, mais sans doute plus légère, délestée de la production clinquante d’un George Martin. Ne reste que l’os de quelques formidables vignettes pop, qui s’accommodent bien sûr d’un psychédélisme d’époque, mais conservent une persistance mélodique indéniable : on pense en premier lieu à Care of Cell 44. Le syncrétisme musical de ce joyau opère une jonction entre les Beach Boys (refrain) et les quatre de Liverpool (couplets). Pourtant, la chanson évoque l’incarcération d’un être aimé. Pourtant, le neurasthénique Elliott Smith l’a reprise. Qu’à cela ne tienne : quelques minutes de l’original suffisent à illuminer une journée d’auditeur.
Le reste se tient tout aussi droit dans ses bottes de sept lieues, à l’assaut de chemins inconnus, forcément parsemés de fleurs : on y croise des "hommes qui se reposent dans leurs cheveux" (Hung up on a dream) ou des couples d’amoureux dont le refrain de Friends of mine égrène les prénoms. Parfois, le chant s’assombrit, le rythme se ralentit pour conter la solitude d’une délaissée (A rose for Emily), avec les accents charmants d’une berceuse, ou la détresse sentimentale d’un homme abandonné par sa bien-aimée (Maybe after she’s gone), à travers des couplets folk que n’auraient pas honnis un Jackson C. Franck. Le contexte politique n’est pas non plus ignoré : comme un lointain écho à la guerre du Vietnam, discrètement antimilitariste, Butcher’s tale évoque les malheurs d’un homme contraint à se battre et qui tremble de tout son corps. L’entêtante ritournelle au mellotron accompagne son calvaire, pour lui donner la dimension d’un destin.
Plus de soixante ans après sa sortie, Odessey and oracle opère avec un charme intact, sans tambours ni trompettes, sur une grande et belle page oubliée.
Odessey and oracle, [The Zombies] (CBS), 1968.
1. Care of Cell 44 3:56
2. A Rose for Emily 2:19
3. Maybe After He’s Gone 2:33
4. Beechwood Park 2:43
5. Brief Candles 3:30
6. Hung Up on a Dream 3:01
7. Changes 3:19
8. I Want Her She Wants Me 2:51
9. This Will Be Our Year 2:08
10. Butcher’s Tale (Western Front 1914) 2:47
11. Friends of Mine 2:17
12. Time of the Season 3:33
Pochette de l’album © 1968 Under exclusive license to CBS
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