Le 31 juillet 2024
Satire du monde du cinéma italien des années 1990, Nuits magiques a un sujet passionnant pour le cinéphile même s’il peine à insuffler un véritable rythme de comédie.
- Réalisateur : Paolo Virzì
- Acteurs : Ornella Muti, Jalil Lespert, Giancarlo Giannini, Paolo Bonacelli, Andrea Roncato, Tea Falco, Paolo Sassanelli, Mauro Lamantia, Giovanni Toscano, Irene Vetere, Marina Rocco
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Bac Films
- Durée : 2h05mn
- Titre original : Notti magiche
- Date de sortie : 14 août 2019
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Résumé : Lorsqu’un producteur de renom est retrouvé mort dans le Tibre, les premiers suspects sont trois jeunes aspirants scénaristes. Au cours d’une nuit au commissariat, ceux-ci se remémorent leurs aventures tumultueuses dans les derniers éclats des années glorieuses du cinéma italien.
Critique : Paolo Virzì est surtout connu en France pour Folles de joie (2016) : ce road movie porté par Valeria Bruni Tedeschi et Micaela Ramazotti ne manquait pas de charme malgré une tendance à la sensiblerie. Nuits magiques a été coécrit par Virzì, ainsi que Francesco Piccolo et Francesca Archibugi (réalisatrice de Mignon est partie), scénaristes de sa génération. Autant dire que le film a donc une charge plus ou moins autobiographique puisque les auteurs ont l’âge des trois jeunes gens protagonistes et que Virzì a débuté sa carrière au cinéma en tant que scénariste, à l’époque où est située l’action du présent opus. Formé par Gianni Amelio, Suso Cecchi D’Amico et Furio Scarpelli, ces deux derniers étant des pointures de l’âge d’or du cinéma Italien, Virzì avait dû faire ses preuves à une époque où l’on parlait d’agonie de cette cinématographie, dans un contexte de coupure des subventions au septième art et de « berlusconisation » de l’industrie du spectacle.
- © 2018 Lotus Production, Leone Film Group, Rai Cinema. Tous droits réservés.
Le réalisateur avait donc lui-même côtoyé des producteurs corrompus, des jeunes artistes partagés entre la volonté de promouvoir une œuvre personnelle et la tentation de céder aux compromissions, et des cinéastes majeurs peinant à retrouver leur public : même Fellini était considéré par certains comme un has been, après les échecs qu’il accumula dans la dernière partie de sa carrière, ce qu’évoque l’un des personnages du film dans une scène d’une cruelle ironie. « Ce film est un acte d’amour et de gratitude, qui va à l’encontre de ce qui a probablement été le phénomène culturel le plus important de l’Italie contemporaine : notre cinéma. Ses protagonistes étaient puissants – une sorte d’ancien régime inexpugnable – dans les années de ma formation et dans l’été raconté dans le film. Mais en le regardant, maintenant qu’il est terminé, je me rends compte combien retraverser cette mythologie a été libérateur, même avec cet esprit moqueur, humoristique. Comme si c’était au fond un dernier salut, une façon de solder pour toujours une dette aussi précieuse qu’encombrante », a déclaré Paolo Virzì dans le dossier de presse.
- © 2018 Lotus Production, Leone Film Group, Rai Cinema. Tous droits réservés.
L’originalité de Nuits magiques a été la greffe d’un matériau policier, les trois jeunes scénaristes étant suspectés du meurtre d’un producteur, et leurs agissements des derniers jours faisant l’objet de flash-back récurrents. Si le sujet est forcément passionnant pour le cinéphile, on regrette le manque de rythme de la narration, une structure chorale un brin confuse et une tendance à l’hystérie ambiante, amplifiée par la vocifération de certains acteurs. Et l’on se surprend à regretter un film comme Nous nous sommes tant aimés (1974) d’Ettore Scola, bien plus émouvant et profond sur une trame assez proche. Mais cette frustration relative est compensée par le plaisir de retrouver des visages familiers du cinéma italien : Giancarlo Giannini a toujours la pêche, près de quarante ans après Drame de la jalousie, tout comme le vétéran Roberto Herlitzka (Buongiorno, notte). Et Ornella Muti nous gratifie d’une prestation aussi énorme que celle d’Anita Ekberg dans Intervista. Rien que pour eux et le scénario original, le métrage mérite le détour.
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