Main basse sur la ville
Le 15 novembre 2014
Un portrait de l’Italie contemporaine prétendument épicé mais finalement doucereux. Spaghettis piccanti plutôt fadasses...
- Réalisateur : Paolo Virzì
- Acteurs : Valeria Bruni Tedeschi, Luigi Lo Cascio, Valeria Golino, Fabrizio Bentivoglio, Fabrizio Gifuni
- Genre : Drame, Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Bac Films
- Durée : 1h49mn
- Date télé : 27 juillet 2017 13:35
- Chaîne : ARTE
- Titre original : Il capitale Umano
- Date de sortie : 19 novembre 2014
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Près du lac de Côme en Italie. Les familles de la richissime Carla Bernaschi et de Dino Ossola, agent immobilier au bord de la faillite, sont liées par une même obsession : l’argent. Un accident la veille de Noël va brutalement changer leurs destins.
Critique : Dans Le Caïman, le célèbre film pamphlétaire de Nanni Moretti sur la péninsule transalpine, Paolo Virzì apparaissait en dirigeant maoïste dans une mise en abyme étonnante – le film « Cataractes ». L’ennui, c’est que tout le cinéma de Virzì semble décalquer sur ce méta-film, et donc imposer un cadre dans le cadre en permanence. Malheureusement, à aucun moment le réalisateur ne sort de ce dispositif pour en dévoiler un autre plus sérieux. De telle sorte que les préoccupations du cinéaste, aussi graves soient-elles, sont comme diluées sous un voile pantomime ne faisant que singer les fulgurances critiques d’un chantre de la comédie sociale comme Ettore Scola ou la dimension politique d’un Francesco Rosi. C’est peut-être le cœur du problème de Paolo Virzì : à trop vouloir scander à l’unisson les contradictions politiques des Italiens, la déliquescence de l’Italie, l’avidité du corps social, le cinéaste en oublie la mise en scène, et le recul. Tout est lisse et trop forcé dans cette satire, et par extension trop convenu et manichéen. De même que les acteurs, dont la théâtralité fait basculer la tonalité générale dans la surenchère. Dommage, car la volonté de renouer avec le cinéma populaire italien est toujours aussi louable qu’à l’accoutumée chez le réalisateur. Mais aussi toujours aussi mal équilibrée.
Tout commence sur une route glissante d’hiver, la nuit, sur laquelle un serveur en fin de service revenant d’une soirée mondaine se fait heurter par un gros 4x4. Le décor est planté : il sera ici question de collisions houleuses entre classes sociales. Puis vient un flash-back, quelques mois plus tôt. Tout l’enjeu de Virzì consiste alors à montrer le rapprochement entre les familles Ossola et Bernaschi, entre amour et désamour. Comme par hasard, le paternel de la première est un stupide parvenu, tandis que le meneur autoproclamé de la seconde est un nanti phallocentrique. L’unique subterfuge les reliant n’est autre que le couple formé par leurs enfants respectifs. À ce propos, le titre "The Human Capital" du roman de Stephen Amidon, duquel est tiré Les opportunistes, aurait été plus judicieux pour dépeindre ce délitement de l’Italie.
Pour donner corps à cette démonstration balourde, Virzì a opté pour une construction chapitrée passant notamment en revue les points de vue de trois personnages disparates sur une même période précédant l’accident : le père Ossola, sa fille et la mère Bernaschi. Le système façon puzzle déstructuré n’est pas ridicule, mais bien trop didactique et peu appliqué pour faire mouche. Même chose pour la fameuse confrontation entre classes sociales, censée donner un aperçu de la crise économique et de la nouvelle lutte des classes mais qui, sans manquer d’à propos, sonne creux. Se voulant portraitiste cruel de la dualité de l’Italie contemporaine, celle d’en haut et d’en bas, Virzì s’imagine pouvoir se reposer sur des acquis, en célébrant les grandes heures de la comédie sociale italienne et s’en remettant aux grands éreinteurs. Seulement, le cinéaste ne s’en donne pas les moyens et chacune de ses tentatives exsude la mollesse. La faute sans doute à une constante hésitation entre comédie et drame, entre thriller et radioscopie sociale.
Fort heureusement, Les opportunistes ne tombe jamais dans la prétention, privilégiant une veine très populaire. Mais - fichtre ! - un brin d’ambition sur le fond et la forme ne serait tout de même pas de refus. De quoi en tout cas ponctuer cette galerie de personnages stéréotypés et insipides pourtant interprétés par quelques brillants acteurs.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.