La possibilité d’un monde
Le 8 janvier 2009
Schoeter revient. Son sens déroutant de l’absurde aussi. A réserver à un public averti exclusivement.
- Réalisateur : Werner Schroeter
- Acteurs : Pascal Greggory, Éric Caravaca, Amira Casar, Elsa Zylberstein , Bruno Todeschini, Jean-François Stévenin, Bulle Ogier, Sami Frey, Marc Barbé, Nathalie Delon, Mostefa Djadjam, João Baptista, Laura Soveral, Laura Martin, Lena Schwarz, Pascale Schiller, Oleg Zhukov, Filipe Duarte
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Allemand, Portugais
- Date de sortie : 7 janvier 2009
- Plus d'informations : Le site officiel
– Durée : 2h00mn
Schoeter revient. Son sens déroutant de l’absurde aussi. A réserver à un public averti exclusivement.
L’argument : Gare de Santamaria, nuit. Ossorio, un homme d’une quarantaine d’années, descend d’un train au milieu d’une foule de réfugiés et de soldats épuisés. C’est dans une ville assiégée que ce héros d’une résistance en débâcle tente de retrouver ses anciens alliés et celle qu’il aime. Mais la situation a bien changé, et les amis d’hier n’ont plus le même discours. Tandis qu’une milice déchaînée terrorise la ville, chacun cherche désormais à sauver sa peau.
Notre avis : Dans une ville imaginaire, une guerre anarchique fait rage : le spectateur y est plongé sans introduction préalable. Une entrée pour le moins radicale et violente, qui, avec le manque de linéarité du récit, rend difficile la compréhension des discordes dans cette cité dévastée. Les événements se succèdent brouillant la perception des liens entre eux. Dans un univers déstructuré et sans repères, qui ressemble pourtant à tant de villes et à leurs contraires, la perversion, le crime et l’anarchie règnent. Si Werner Schroeter se défend de promouvoir une quelconque pensée politique, on distingue néanmoins l’exposition d’un monde en devenir. Volontairement, le cinéaste ne définit pas le cadre spatio-temporel, mais l’on devine un futur proche corrompu où il est absolument impossible de se fier à qui que ce soit. Nuit de chien est un conte sombre sur la possibilité d’un avenir. Dans cet esprit, les personnages sont tous des marginaux, monstres en puissance ou hommes en lutte. Gestes et émotions sont exagérés et décuplés, mais s’intègrent parfaitement dans la narration complexe et parfois excentrique. Dans un monde en guerre, la théâtralité est monnaie courante : se cacher, porter un masque, c’est le meilleur moyen de se protéger... et de trahir.
Autant le dire, c’est du pur Schroeter. Le réalisateur des surréalistes Malina et Deux revient à un cinéma décalé fonctionnant sur la logique de l’absurde. Il plonge le spectateur dans un univers kafkaïen où la vérité est inaccessible et la logique bannie. Le public se retrouve, un peu comme Joseph K. dans Le procès, face à une immense porte dont il n’a pas la clé pour sortir. Finalement, dans ce jeu de guerre, ne vaut-il pas mieux capituler et se laisser aller plutôt que de chercher raison et sens à ce film énigme ? Pourtant cette œuvre, longue et difficile à appréhender, appelle plus d’une réflexion. Dans tous les cas, le Lion Spécial du Jury de Venise 2008 ne plaira pas à ceux qui attendent d’un scénario des réponses, mais offrira aux autres des perspectives thématiques audacieuses.
- © Alfama Films (ex-Alma Films)
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Frédéric Mignard 14 avril 2010
Nuit de chien - La critique
Apre, anarchique et malade, le dernier film de Werner Schroeter, souffre peut-être d’une certaine rigidité théâtrale, mais il n’en demeure pas moins un regard percutant et sombre sur nos sociétés.