Vienne l’hiver
Le 3 janvier 2006
Réédition du roman de Pialat qui avait précédé le film du même nom. Un coup de poing aussi percutant qu’un Simenon.


- Auteur : Maurice Pialat
- Editeur : Editions de l’Olivier
- Genre : Roman & fiction
- Nationalité : Française

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C’est un salaud. Un vrai, un beau, qui plaît. Depuis des années, il trompe sa femme, Françoise, qui le sait, avec Colette, qu’il insulte, humilie, rabaisse. Qu’il baise, aussi, qu’il bat, parfois. Elle l’a aimé, elle a tout aimé chez lui, mais plus maintenant. C’est fini. Colette se barre et il chiale. "Je ne dormirai jamais plus comme avant. Combien de temps mettrai-je pour oublier Colette ? Je n’oublie pas les gens que j’aime. On n’en rencontre pas souvent." Générique de fin...
Avant de faire un film de sa séparation avec Colette, Maurice Pialat en avait écrit un livre. Publié en 1972, juste avant la projection du film à Cannes, il s’appelait aussi Nous ne vieillirons pas ensemble et, réédité par les éditions de l’Olivier, il n’a pas vieilli. Les amours mortes ne flétrissent pas plus qu’un style comme celui-là ; et Jacques Fieschi, dans la postface, a raison d’affirmer qu’il y a du Simenon là-dedans. "On est dans la peau, le gros grain, « l’homme nu » disait Simenon", que Pialat d’ailleurs admirait (il avait pensé adapter La chambre bleue et Le riche homme).
A poil, sans rien cacher de son naufrage, sans s’accrocher à la bouée des mots qui auraient pu rendre son personnage sympathique, Pialat, alors déjà remarqué au cinéma (il avait obtenu le prix Jean Vigo pour L’enfance nue trois ans plus tôt), signait là son premier roman. Ses films nous consolent un peu que ce fut aussi le dernier.
Maurice Pialat, Nous ne vieillirons pas ensemble, éd. de l’Olivier, 2005, 157 pages, 16 €