Le 23 juillet 2024
Le second volet du diptyque du duo Yves Robert/Jean-Loup Dabadie est un enchantement, éloge de l’amitié tout autant que réflexion désabusée sur le temps qui passe. Un petit bijou du cinéma français des années 1970.
- Réalisateur : Yves Robert
- Acteurs : Jean Rochefort, Josiane Balasko, Daniel Gélin, Claude Brasseur, Marthe Villalonga, Jean-Pierre Castaldi, Elisabeth Margoni, Victor Lanoux, Guy Bedos, Danièle Delorme, Maïa Simon, Christophe Bourseiller, Claude Legros, Vania Vilers, Gaby Sylvia, Janine Souchon, Catherine Verlor
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Gaumont Distribution
- Durée : 1h50mn
- Date de sortie : 9 novembre 1977
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Résumé : Étienne, Daniel et Bouly achètent ensemble une résidence secondaire. Mais ils s’aperçoivent, un peu tard, qu’un terrain d’aviation situé à proximité la rend inhabitable. Simon, qu’une mère possessive empêche de se marier, donne des consultations très spéciales à certaines clientes ; Bouly s’attache de plus en plus aux enfants de ses différentes amies ; Daniel rencontre une femme qui lui plaît et, enfin, Étienne découvre les affres de la jalousie.
Critique : Produit par Danièle Delorme et Yves Robert, Nous irons au paradis est la pétulante suite d’Un éléphant, ça trompe énormément, sorti un an plus tôt, et qui avait été un gros succès public. Subtilement écrit et bénéficiant d’audacieuses ruptures de ton, le film ne se contente pas de reprendre les recettes qui avaient assuré la renommée du premier volet, avec lequel il forme désormais un diptyque plus qu’attachant du cinéma français. En premier lieu, le scénario de Jean-Loup Dabadie refuse la stricte linéarité, préférant naviguer entre plusieurs trames narratives, à la manière d’un mini-film choral, sous-genre qui n’avait pas encore envahi les écrans en ces années 1970. On suit donc les mésaventures de nos quatre quadragénaires, copains inséparables, qui se retrouvent certes dans des situations qui rappellent Un éléphant…. Étienne (Jean Rochefort), après avoir été tenté par le démon de midi, soupçonne à son tour son épouse Marthe (Danièle Delorme) de le tromper, avec pour présomption de culpabilité une photo tombée d’une commode. Simon (Guy Bedos) doit toujours subir les assauts de sa mère possessive Mouchy (Marthe Villalonga) et se voit contraint de fréquenter en cachette une patiente (Maïa Simon) ne souffrant d’aucun mal. Bouly (Victor Lanoux) se prépare à son audience de divorce et, en attendant, joue les papas poules en gardant également les enfants de son ex. Quant à Daniel (Claude Brasseur), il fréquente toujours des hommes mais accepte la demande en mariage de Marie-Christine (Gaby Sylvia), son énergique supérieure hiérarchique. Nos quatre compères se retrouvent notamment à l’occasion d’une autre voie narrative, à savoir l’achat en copropriété d’une maison vendue comme un havre de tranquillité…
L’autre grande qualité de Nous irons tous au paradis est de passer de la comédie au drame, et même de la bouffonnerie à l’émotion, avec une aisance surprenante. Le clou du film est à cet égard l’événement imprévu survenant dans la deuxième partie, et qui anticipe la mini-surprise de Quatre mariages et un enterrement. Yves Robert et Jean-Loup Dabadie avaient conscience que cela pouvait déstabiliser le public mais ont assumé ce virage, qui détonne après certains passages purement burlesques (la panne de voiture décapotable sous l’orage, les meubles qui tombent avec le bruit des avions). En fait, Nous irons tous au paradis est un long métrage sensible sur les doutes de la quarantaine et ses remises en cause. Sous ses allures de vaudeville conjugal se cache une réflexion à la fois amère et optimiste sur les liens affectifs et conjugaux, qui ne sont pas sans évoquer Lubitsch ou Wilder. On peut d’ailleurs préciser que le film n’est aucunement une ode à l’amitié viriliste, les quatre copains révélant de nombreuses failles et les personnages les plus forts s’avérant être in fine… les femmes : Marthe, la mère protectrice du groupe, qui pense avant tout à son équilibre personnel (famille et amis certes, mais aussi théâtre et rencontres extraconjugales) ; Mouchy, matriarche castratrice qui parvient toujours à ses fins ; où Marie-Christine, qui ne cède à aucune pression sociale. Il faut en outre souligner la saveur des dialogues, en particulier dans les échanges entre Simon et sa mère, qui vilipende une « médecine de gauche ». Yves Robert est d’ailleurs entouré d’une équipe d’acteurs au diapason pour les mettre en valeur : outre ceux mentionnés, on peut citer des seconds rôles réjouissants, à l’instar de Christophe Bourseiller et Josiane Balasko en jeune couple mal assorti mais toujours en verve. Enfin, les collaborateurs artistiques et techniques apportent une plus-value indéniable. C’est le cas en particulier de la partition jazz de Vladimir Cosma, en écho aux bandes de Henry Mancini pour Blake Edwards, auquel est une séquence rend également hommage.
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