Les copains d’abord, et rien d’autre
Le 27 mars 2022
La célèbre bande de bobos est de retour en vacances au Cap-Ferret. Ni leurs dialogues, ni les acteurs qui les échangent n’ont plus la fougue qui a pu plaire il y a neuf ans. Si le film doit satisfaire quelqu’un, ce sera l’Office du Tourisme girondin.
- Réalisateur : Guillaume Canet
- Acteurs : Benoît Magimel, François Cluzet , Marion Cotillard, José Garcia, Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Pascale Arbillot, Valérie Bonneton, Laurent Lafitte
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pathé Distribution
- Durée : 2h15mn
- Date télé : 21 janvier 2024 23:20
- Chaîne : W9
- Date de sortie : 1er mai 2019
Résumé : Préoccupé, Max est parti dans sa maison au bord de la mer pour se ressourcer. Sa bande de potes, qu’il n’a pas vue depuis plus de 3 ans débarque par surprise pour lui fêter son anniversaire ! La surprise est entière mais l’accueil l’est beaucoup moins... Max s’enfonce alors dans une comédie du bonheur qui sonne faux, et qui mettra le groupe dans des situations pour le moins inattendues. Les enfants ont grandi, d’autres sont nés, les parents n’ont plus les mêmes priorités... Les séparations, les accidents de la vie... Quand tous décident de ne plus mettre de petits mouchoirs sur les gros bobards, que reste-t-il de l’amitié ?
Critique : Parce que, depuis 2010, peu de films français sont parvenus à dépasser la barre symbolique des 5 millions de spectateurs, Les Petits Mouchoirs a su s’imposer comme une des références de la décennie qui s’achève. Ses détracteurs disent encore -très certainement- que ce succès, Guillaume Canet ne le doit qu’à la popularité des acteurs qu’il avait su rassembler devant sa caméra. Neuf ans plus tard, alors que le caractère « bankable » de sa bande de fidèles camarades a quelque peu décliné, les réunir dans une suite s’interprète facilement comme une volonté d’affirmer son talent. D’autant que les deux réalisations qu’il a signées depuis sont loin d’avoir connu un succès comparable.
Or, si les interprètes ont vieilli, c’est aussi, inévitablement, le cas de leurs personnages. Et à ce sujet, il y a neuf ans, le charme de la rencontre provenait davantage de la fraîcheur dégagée par ces amis, pour la plupart des jeunes trentenaires, que de la renommée de celles et ceux qui leur prêtaient leurs traits. Aujourd’hui, qu’ils soient plus âgés, et donc moins virulents et en proie à diverses remises en question, tandis que leurs acteurs sont eux-mêmes moins en forme, rend les retrouvailles peu enthousiasmantes.
- © 2019 Trésor Films - Canéo Films - Europacorp - M6 Films - Les Productions du Trésor - Artémis Productions
Tandis que le point de départ du précédent long-métrage était l’accident mortel de l’un de leurs amis, cette suite commence par la bouderie de l’un d’eux. Alors, certes, François Cluzet est devenu très doué dans cette palette de jeu grisonnante - allant jusqu’à concurrencer Jean-Pierre Bacri sur son terrain -, mais cette émotion morose en guise d’introduction est bien moins propice à un traitement mélodramatique que la foisonnante question du deuil. Et tout le scénario, avec les interactions entre les personnages qui l’alimentent, est bâti sur cette altération apathique.
Le plaisir que l’on pouvait prendre à voir Benoît Magimel en jeune kiné, qui se découvre une attirance pour les hommes, n’a plus rien à voir avec ce que peut nous inspirer de le voir jouer un homosexuel désormais parfaitement assumé et en couple. De la même façon, l’immaturité du personnage de Laurent Lafitte, qui pouvait autrefois faire rire, a disparu, à tel point que sa prestation n’apporte strictement plus rien à ce nouvel opus. Les personnages féminins sont peut-être les plus intéressants. Certainement pas le plus important d’entre eux, celui qu’incarne Marion Cotillard, qui -sans véritable surprise- est la seule à avoir toujours autant, et peut-être même plus qu’il y a neuf ans, recours au cabotinage poussif. C’est plutôt le rôle qu’interprète Valérie Bonneton, autrefois femme soumise et aujourd’hui libérée de l’influence de son mari, qui peut être perçu comme une figure symbolique de notre époque. Malheureusement, elle, comme les autres femmes d’ailleurs, n’est qu’un personnage secondaire.
- © 2019 Trésor Films - Canéo Films - Europacorp - M6 Films - Les Productions du Trésor - Artémis Productions
Les situations et les dialogues n’ont plus grand-chose d’émouvant et encore moins de drôle. On peut même les qualifier de lourdauds et on se souvient de l’expression "beauf élitiste" qu’on avait pu entendre il y a neuf ans. Cela dit, le fait que les émois des personnages laissent place à l’évocation de leur vie routinière n’autorisait pas beaucoup d’espoirs. Mais alors, qu’escomptait Guillaume Canet en rappelant ses troupes, si ce n’est la contrefaçon, tout à fait assumée, de la trilogie Le Cœur des Hommes ? La réponse est peut-être à chercher dans l’une de ses principales vicissitudes commerciales qu’ont connues tous les acteurs du film depuis dix ans, à savoir une vraie perte de popularité.
Il est en effet mathématiquement évident qu’en les réunissant dans la suite de son « blockbuster made in France » et même si celui-ci n’obtient ne serait-ce que la moitié des entrées du précédent opus, les comédiens connaîtront tous un petit coup de boost salutaire dans leur carrière respective. Cette hypothèse, selon laquelle Canet a privilégié le copinage et le narcissisme de ses amis à la moindre velléité artistique, est parfaitement détestable. Mieux vaut croire dans ce cas que, à défaut d’avoir un film véritablement divertissant à offrir au public, il a réuni sa bande afin de lui faire profiter une nouvelle fois d’une splendide villa de tournage au Cap-Ferret. Depuis notre siège de spectateur, ce très joli lieu est ce que nous avons finalement le plus de plaisir à retrouver. Et c’est quand même triste.
- © 2019 Trésor Films - Canéo Films - Europacorp - M6 Films - Les Productions du Trésor - Artémis Productions
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Alain-Patrick 5 mai 2019
Nous finirons ensemble - la critique du film
Entièrement d’accord avec vous ! Juste Lellouche tire son épingle du jeu je trouve.
ceciloule 12 mai 2019
Nous finirons ensemble - la critique du film
Pas du tout d’accord. On prend plaisir à retrouver cette bande de copains et leurs facéties, même si le film est un peu long. L’humour est là, les personnages sont marqués, on voit leur évolution, et certes les gags ne sont pas tous très finauds mais on ressort du cinéma avec un grand sourire aux lèvres et l’envie de croquer la vie à pleines dents (plus d’infos ici : https://pamolico.wordpress.com/2019/05/12/des-retrouvailles-attendues-nous-finirons-ensemble-guillaume-canet/)
Nini Nini 19 mai 2019
Nous finirons ensemble - la critique du film
J’ai passé un très bon moment. Comment peut on dire que seul Lellouche tire son épingle du jeu ? avez vous réellement vu le film ? Les acteurs sont tous très bons, Cluzet est absolument extraordinaire.
C’est un très bon film, tout comme le premier volet, avec la aussi les soucis, les peurs les angoisses des uns mais surtout l’amitié.
La bande de copains est au rendez vous, quelques années plus tard. Et ca fonctionne très bien. Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde.