Adulation précoce
Le 11 novembre 2020
Exercice périlleux que de laisser libre cours à sa fantaisie lorsqu’on réalise un premier film. Pari gagné pour Guillaume Canet qui signe une comédie incisive et réjouissante laissant ses acteurs s’éclater.
- Réalisateur : Guillaume Canet
- Acteurs : Guillaume Canet, François Berléand, Diane Kruger, Daniel Prévost, Philippe Lefebvre
- Genre : Comédie, Thriller
- Nationalité : Français
- Distributeur : Mars Distribution
- Editeur vidéo : Paramount Home Entertainment
- Durée : 1h50min
- Date télé : 11 novembre 2020 21:05
- Chaîne : 6ter
- Date de sortie : 17 décembre 2002
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Résumé : Bastien (Guillaume Canet) aspire à devenir animateur vedette à la télévision. En attendant, il chauffe la salle d’une émission produite par son idole, le puissant Jean-Louis Broustal (François Berléand). Ce dernier le remarque par hasard et lui propose de venir passer le week-end à la campagne en sa compagnie. Bastien accepte. Il est alors loin de se douter de l’issue particulièrement étrange de ce séjour.
Critique : Si les premières scènes sont de facture classique, la suite, elle, mérite qu’on s’y attarde. L’originalité de Canet se révèle dans les décors, mélange de kitsch high-tech et de campagne tristement automnale, et l’enchaînement de l’action ne laissant aucun répit au spectateur qui, à l’instar du héros, ne sait jamais s’il doit rire ou trembler.
Une impression persistante renforcée par l’analyse d’une société de consommation pervertie par les loisirs, où pouvoir, manipulation, désir et ambition semblent être les seuls mots d’ordre, où le besoin de s’amuser à tout prix passe par l’innommable. Tout cela, présenté par le biais du monde impitoyable de la télévision et du reality-show. Le propos ne manque pas de justesse et les quelques paraboles - comme celle de Bastien donnant à manger des lapins aux vautours - sont toujours pertinentes.
Le casting a été minutieusement élaboré. François Berléand, excellent de cynisme, est un salaud d’anthologie aux côtés d’une Diane Kruger séductrice vénéneuse. On regrette cependant la partition de Canet qui, s’il ne s’est pas oublié dans la distribution en s’attribuant le rôle principal, livre une performance trop contemplative lorsqu’il devrait appuyer son caractère arriviste. De même, Clotilde Courau est sous-employée dans son rôle de petite amie délaissée, comme si on s’était aperçu au montage de l’inutilité de son personnage dans un scénario suffisamment complexe.
Une complexité certes, relative mais néanmoins étudiée. Canet, présent à tous les niveaux (il cosigne également le scénario), nous offre un déroutant mélange de genres. Il passe de la comédie au drame, de l’humour noir au burlesque et se permet même d’intégrer deux séquences animées au récit. A noter la présence de Sinclair pour la partition musicale qui ajoute un charme supplémentaire à l’ensemble. On peut cependant regretter quelques longueurs, notamment au début du film. L’exposition de la vie privée de Bastien se débattant entre sa conscience et son ambition s’avère, en effet, inutile puisqu’il est ensuite dépassé par les événements et son entourage.
On est loin des bons sentiments. Aucune concession n’est faite sur la conduite des personnages, pourtant pourvus d’une certaine humanité. Le spectateur suit l’équipe sur la corde raide et se laisse envahir par ce perpétuel paradoxe. Canet réalisateur impose sa présence omnisciente et évite ainsi le dérapage vers le mauvais goût. On sort à la fois hilare et gêné de ce film sur la réussite plutôt réussi.
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