Ni Terre Ni Mer . T.1 - La chronique BD

Lorsque cinq anciens amis se retrouvent pour une balade en bateau, le ciel était calme, l’horizon serein et sans nuages... Du moins en apparence. Une tempête plus tard, et toutes les certitudes et apparences vont s’échouer en même temps que le bateau sur une île dominée par un phare, qui n’était inexplicablement pas en marche lorsque les éléments se déchaînaient. À l’intérieur, les jeunes gens vont découvrir deux gardiens déroutants, voire inquiétant pour l’un. En vérité, ce voyage de la jeunesse masque un passé houleux, trouble, qui pourrait bien les plonger dans l’abîme. Les forces de la nature, si impressionnantes au début du récit, ne sont finalement pas si terribles que ça, comparées à la psychologie et à la nature humaine. Chaque personnage a ses forces ou ses faiblesses, et chacun semble prêt à exploser, dans un mélange de violence et de folie.

© Dupuis

Côté dessin, la tension est également présente : il s’agit de scruter chaque trait de visage, chaque ombre du décor, parfois même revenir une page en arrière pour voir si rien ne nous a échappé, tant les rebondissements sont nombreux et souvent inattendus. L’atmosphère sombre, les couleurs lourdes et le trait pesant contribuent à glacer le lecteur, qui voit les personnages perdre pied sans pouvoir les aider ou les avertir. Clairement, c’est un thriller très cinématographique qui est dépeint, et la suite promet d’achever ce scénario qui semble peu à peu dériver vers le rêve et le fantastique, à la manière d’un Shutter Island.

© Dupuis

Voir des jeunes insouciants perdre peu à peu la tête, dans une ambiance plus fatale qu’horrifique, c’est semble-t-il plutôt sympa. Sauf que cet album, qui sera un diptyque, se révèle froid comme une mer et un polar du Nord. Ni Terre Ni Mer promet une belle immersion, entre tension sexuelle et revanche latente, à ne pas manquer.