Le 10 janvier 2019
Sans doute le meilleur album de Kate Bush. La grâce artistique à l’état pur.
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Sortie : le 8 septembre 1980
Notre avis : La jeune fée anglaise qui avait subjugué la critique et le public, en interprétant d’une voix suraiguë le mémorable Wuthering Heights, fait paraître son meilleur album, en 1980. Grâce mélodique, voix envoûtante, variété des genres explorés : tout y est et Kate Bush, vingt-et-un printemps au compteur au moment de l’enregistrement, n’a laissé à personne le soin de signer ce chef-d’oeuvre de maturité artistique. Armée du révolutionnaire Fairlight CMI, synthétiseur dont l’usage se répandra au cours des années 80, elle ouvre le bal avec le célébrissime Babooshka, une sorte de conte cruel dont l’héroïne, une femme suspicieuse, se trouve piégée par le complot qu’elle ourdit, pour mettre la fidélité de son mari à l’épreuve. On se souvient que dans un clip particulièrement inventif la chanteuse endossait la double identité de Babooshka -l’amante épistolaire- et de l’épouse paranoïaque.
Cette pépite donne le ton d’un opus qui, du rock endiablé -Violin- à la valse langoureuse -Army dreamers- bénéficie d’une production lumineuse. Les arrangements orchestraux, constamment inventifs, habillent chaque chanson d’un manteau d’hermine dont il sortirait les chimères les plus originales, guidées par une joueuse de flûte, quelque part vers Hamelin.
L’univers de Kate Bush est une fréquente mise en son d’influences littéraires ou cinématographiques : ainsi, la trame du Tour d’écrou d’Henry James est réinvestie dans The infant Kiss, dont la délicatesse paraît aussi fragile qu’une bougie dans une nuit inquiète, The wedding list réfère directement au film de Truffaut, La mariée était en noir. L’énonciation privilégie le point de vue d’une veuve prête à tout pour venger la mémoire de son défunt amour. Les inflexions de voix épousent parfaitement chacun des sentiments éprouvés : la détermination lorsqu’il s’agit de tuer les coupables ("I’ll get him and I will not miss"/"Je l’aurai et je ne le raterai pas"), une langueur nostalgique quand émerge le souvenir de l’assassiné. L’auditeur suit, sans s’interrompre, comme il dégusterait chaque ligne d’un page-turner.
Avare de ses apparitions, perfectionniste acharnée, la Reine de l’Art-Pop produira d’autres albums mémorables. Mais elle ne retrouvera plus jamais la grâce si particulière de Never for ever.
Never for ever, [Kate Bush] (EMI), 1980.
1. Babooshka 3:21
2. Delius (Song of Summer) 2:52
3. Blow Away (for Bill) 3:35
4. All We Ever Look For 3:49
5. Egypt 4:12
6. The Wedding List 4:16
7. Violin 3:16
8. The Infant Kiss 2:50
9. Night Scented Stock 0:52
10. Army Dreamers 2:59
11. Breathing
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