Nervous Cabaret

Après écoute de l’album éponyme de Nervous Cabaret, on a bien envie d’aller entendre sur scène le détonant cocktail à base de rock de ces New-Yorkais. Ça tombe bien : leur tournée française débute le 28 février prochain...

Qu’il est bon d’être surpris, dérouté, déstabilisé par un album ! Pour ce premier opus, Nervous Cabaret mange à tous les râteliers (blues, rock, jazz...) alors nous laisserons aux disquaires le soin de le ranger dans le bon bac. Rares sont les productions qui invitent à sortir de l’alternance couplet-refrain tout en restant très accessibles. Bien sûr, il faut s’accrocher un peu, on ne se déformate pas en claquant des doigts, mais en hochant la tête et en tapant du pied. Les bonnes vieilles rythmiques de rock lourd et gras de Mel Gibson (une vraie claque en première plage), Instant lady, Furious bed ou Kid (sic) semblent toutes indiquées pour ça. Mais elles ne résument pas le disque, tant les ambiances varient, amenées par des cuivres bien pensés (Grand palace of love, Tryptish). La guitare est ici une base, une assise, tantôt rugueuse, tantôt douce comme du velours. Quant à la basse, elle nous guide souvent dans ce joyeux bordel mélodique, et prend parfois un malin plaisir à nous perdre dans les refrains délicieusement brouillons.
Mais il faut le dire clairement : l’élément qui permet d’identifier Nervous Cabaret, c’est la voix de son chanteur Elyas Khan, présenté comme le leader de ce groupe composé de musiciens aux CV longs comme le bras. Tout en maîtrise, le chant d’Elyas Khan érafle à dessein nos oreilles. Sa voix chemine, court, ralentit, se jouant de toute rigidité rythmique. Elle dérape l’espace d’une seconde, trébuche dans l’émotion, se relève avec inspiration. L’interprétation s’apparente par moments à une incantation douloureuse, qui transperce le cœur mais laisse finalement les tympans intacts et impatients d’en entendre plus.
Certains se lasseront probablement de ces sonorités si particulières et imploreront Elyas Khan de se racler la gorge une bonne fois pour toutes, et c’est tant mieux : les véritables partis pris ne laissent jamais indifférent. Pour les autres, sachez que Nervous Cabaret vient d’entamer une courte tournée française.