Le 6 juin 2021


- Scénariste : Thierry Murat>
- Dessinateur : Thierry Murat
- Genre : Drame, Fantastique, Science-fiction, Thriller, Chronique sociale, Ésotérique, Conte, Roman graphique, Politique, Société, Fable, Poésie
- Editeur : FUTUROPOLIS
- Famille : BD Franco-belge, Roman graphique
- Date de sortie : 7 avril 2021
Dans ce récit très sombre, Thierry Murat choisit la science-fiction pour parler de la position de l’artiste et de ce qui contribue à conduire l’humanité à sa perte, le désir d’immortalité comme la toute puissance d’Internet et des réseaux sociaux.
Résumé : Fin du XXIe siècle. Jørgen Nyberg, célèbre peintre, vit reclus au 153e étage d’un gratte-ciel de Stockholm. Il travaille la nuit, se couche une fois l’aube venue et n’est relié au monde extérieur que par une intelligence artificielle nommée Yris. Celle-ci le convainc d’accepter un rendez-vous avec Niels, un jeune artiste. Cette rencontre prend d’abord la forme d’une joute verbale avant de s’avérer davantage constructive.
Ne reste que l’aube est un récit ample et profond, austère par sa forme, luxuriant par les idées qu’il charrie, les réflexions developpées et les portes ouvertes. Il procède fréquemment par association d’idées. Il y est question de la peinture de la Renaissance et de renaissance en créature immortelle ; du collectionneur d’art et de l’artiste comme vampires ; de la toute puissance des réseaux sociaux et de l’isolement qu’ils peuvent créer en mettant en lien ; de l’obscurité générée par la mise en lumière permanente (des êtres, des informations…) comme de la dimension révélatrice de la nuit qui permet de - se - mettre à nu…
Thierry Murat / Futuropolis
Dans cet album dense, Thierry Murat allie cérébralité et sensualité. S’il marche sur des œufs et en écrase parfois (certains dialogues sont un peu emphatiques), il livre une œuvre singulière et assez impressionnante qui en dit long sur une possible position de l’artiste, comme sur le talent de l’être humain pour scier la branche sur laquelle il est assis.
Les partis pris visuels sont également forts : bichromie sombre (noir et gris) qui rappelle celle d’un Alex Varenne, dessin vif et précis des personnages, détails soignés qui posent décor et atmosphères (un portail, une lampe…), bâtiments urbains représentés par quelques lignes horizontales et/ou verticales…
Thierry Murat / Futuropolis
Pour les deux personnages au centre de ce huis clos, Thierry Murat s’inspire des physiques de son fils Firmin (pour Niels) et de Christian Durieux (pour Jørgen Nyberg) qui ont posé pour lui. En utilisant comme modèle un autre dessinateur de bande dessinée, il effectue en quelque sorte une mise en abyme tout en dotant indirectement son album d’une dimension documentaire.
Ne reste que l’aube mérite une attention particulière, qui plus est dans le contexte actuel où ce type de bande dessinée, exigeante et à la croisée des genres, pourrait passer inaperçue.
176 pages - 26 €