Eaux troubles
Le 3 mai 2006
Histoire d’hommes, de pêche et d’écriture au pays de Courbet. La prise est belle mais se fait attendre.


- Auteur : Jacques-Etienne Bovard
- Editeur : Bernard Campiche
- Genre : Roman & fiction

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Histoire d’hommes, de pêche et d’écriture au pays de Courbet. La prise est belle mais se fait attendre.
La vallée de la Loue, la pêche à la truite, Gustave Courbet, des lectures de Maupassant pour mettre des couleurs aux fins de soirées, des gueuletons deux étoiles au Gault et Millaut pour bien les commencer : un havre, un paradis !, le domaine de Clairvaux que le richissime banquier suisse Maximilien Reuth s’est offert et où il invite ses amis. Il y a Petit-Bouilli, le maître-queux qui doit son surnom à son visage ébouillanté, Vuille, facteur en clavecin et pêcheur en toutes eaux, et puis Sauvain, le dernier venu, romancier, espérant trouver là matière à un livre qui se fait attendre. Un autre sujet s’imposera à lui : Vivianne, qui venait faire le ménage et plus si affinités, est retrouvée morte dans la rivière. Max fait un parfait coupable.
Tout le monde croit à la culpabilité du banquier. Même Sauvain, qui relève scrupuleusement les charges dans ses carnets. Ce sont eux que nous lisons au jour le jour, ce sixième roman de Jacques-Etienne Bovard s’apparentant ainsi à un work in progress, un chantier dont la finalité apparaît vite n’être pas celle que l’on nous promettait. Ne pousse pas la rivière n’est évidemment pas un polar. Il est, un peu (et de façon très réussie), un livre sur l’amitié. Il est surtout un livre sur l’écriture, sur le pouvoir de l’art, sur les doutes d’un écrivain d’une quarantaine d’années. L’auteur lui-même ? Les indices laissés ici et là (marié, deux enfants, écrivain à succès et enseignant) ne sont peut-être que de fausses pistes.
Ce cœur du roman touche. Beaucoup. Dommage toutefois qu’il en occupe si peu de place, Jacques-Etienne Bovard ne l’attrapant que dans les dernières pages, après avoir lancé à l’eau de nombreux hameçons dont il aurait pu faire l’économie. Mais l’important est sans doute que la prise ait eu lieu. Et que l’écrivain s’en saisisse pleinement pour son prochain roman ?
Jacques-Etienne Bovard, Ne pousse pas la rivière, éd. Bernard Campiche, 2006, 310 pages, 22 €