Le 28 septembre 2018
Où situer le dernier album de Mylène Farmer dans une discographie de 11 albums ? Découvrez notre avis sans détour sur cette nouvelle direction musicale que l’on resitue également dans le top de ses albums, du meilleur... au pire !
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– Label : Stuffed Monkey
– Sortie le 28 septembre 2018
Notre avis : Quelques sons électro-lounge ne feront pas du nouveau Mylène Farmer un opus inventif et remarquable dans sa discographie. Exit les synthés ringards de Boutonnat qui avaient plombés l’album Monkey Me et que l’on n’a que trop longtemps subis, le Farmer cru 2018, est celui d’une production plus contemporaine qui illustre bien le ton obstinément positif voulu par la chanteuse. Pourtant en 2018, les premiers aperçus avaient cultivé une amère déception, au fil de singles repoussoirs qui figurent malheureusement bien sur le projet définitif. Son 11e album a même le toupet de démarrer avec Rolling Stone, projet poussif à la mélodie odieuse produit par Feder, DJ qui ne sera pas celui du consensus chez les fans de la chanteuse. Pis, on retrouve N’oublie pas, rejet de bile, où chaque note crispe toute tentative de bonne volonté. Le timbre de voix de LP est une souffrance qui écorche les oreilles et ne s’accorde pas avec la voix et l’univers de l’interprète de L’autre. Au moins peut-on se rassurer en se disant que ces titres sont probablement les seuls naufrages d’un projet plus malin que ses locomotives sorties en amont.
Le troisième single, Sentimentale, ressemble davantage à une fantaisie en sourdine, joliment produite, mais incapable d’accrocher comme titre moteur quand jadis Farmer, en 1999, ouvrait Innamoramento avec une chanson somptueuse comme L’Amour Naissant qui, elle, ne fut jamais exploitée en format simple. C’est qu’à l’époque la Farmer avait le choix des tubes, et dans Désobéissance, ils sont a priori absents. On parlera désormais de chansons composées pour agiter les concerts de l’arène de la Défense que la chanteuse alignera à raison de 10, en 2019. On citera Désobéissance, insipide, mais notable dans son rythme plus emballant. Histoires de fesses est une insolente transition de 2mn pensée pour une interprétation scénique. Amusant, mais fatalement dispensable sur un album. Il en va de même pour le sensuel Prière, titre d’ambition aux empreints garage, mais que l’on n’ira pas chercher à isoler en dehors d’un ensemble de morceaux sur une playlist. Dans Au lecteur, Farmer devient lectrice, sur des textes personnels particulièrement bien écrits. [1]
Là encore, on attend davantage une mise en scène originale en concert qu’une volonté d’écouter en mode repeat ce titre à part.
Désobéissance existe finalement pour ses quatre derniers morceaux qui sauvent in extremis le projet de l’endormissement. En suivant l’ordre des pistes, on est séduits par Des larmes, bain disco-lounge lumineux et rafraîchissant qui s’épanouit en dehors de tout enjeu commercial ou scénique, et c’est ce qu’il le rend fondamental à la cohérence du disque. La production de Mike Del Rio, collaborateur de LP, fait des merveilles quand elle consternait sur le cinglé N’oublie pas.
Parler d’avenir, composé par le très jeune Leon Deutschmann, évoque surtout les grandes compositions de Farmer, avec ses sons électroniques discrets mais stellaires. L’efficacité est de mise, l’on pourra se sentir frustré de s’arrêter à une seule écoute sur la lecture du disque. Le mode répétition nous démange... On a besoin d’y croire lui succède de façon charismatique, malgré une mélodie qui évoque par moment le On a besoin d’amour de XXL, l’aspect rock en moins... car contrairement à Anarmophosée, le Farmer 2018 ne s’arme pas de guitare pour accentuer un quelconque virage. La chanteuse y fait montre d’une évolution fine, élégante, moderne, sans passer par les boulets d’une cadence radio.
Pour conclure, Farmer revient à la complainte céleste qui lui a valu une harmonie émotionnelle avec ses fans sur chacun de ses opus et surtout sur ses tournées. La production électronique de Leon Deutschman est alors très discrète mais accompagne magnifiquement la voix de l’artiste qui a bien fait de s’éloigner des sonorités plus caverneuses de Feder qui contredisent le potentiel poétique de la voix de l’ancienne Désenchantée. Les fans des ballades Point de suture, Je te dis tout, Pas le temps de vivre, Laisse le vent emporter tout ou le magnifique Eaunanisme, y retrouveront leur idole, et se laisseront happer par son univers singulier qui ne ressemble dans ces moments-là à aucun autre.
Au final, Désobéissance, album farouchement porté par la lumière d’une artiste tournée vers une phase solaire, est cohérent dans sa production, farouchement personnel*, mais tristement en rade quant il s’agit de raviver le souvenir de la machine à tubes qu’a pu être cette prêtresse des tubes en série. A ce niveau, l’on préférera les efforts mélodiques de M’effondre, Diabolique mon ange, Moi je veux, sur l’album Bleu Noir où Farmer cherchait aussi à dépoussiérer ses sons sur des morceaux entre autres produits par Moby ou Archive qui forcément la portaient au firmament.
Nonobstant, on reconnaîtra à ce 14e album l’essentiel, une honnêteté et donc une légitimité dans une carrière riche, où l’on a certes connu bien mieux, mais surtout récemment bien pire...
- Photo de Jean-Baptiste Mondino - Label : Stuffed Monkey
Où situer dans Désobéissances au sein de la carrière de l’artiste ? Du meilleur au pire, voici nos choix sur tous les albums studios de la chanteuse, avec les titres remarquables à retenir pour chacun...
1 Anarmophosée
California, Vertige, Mylène s’en fout, L’instant X, Eaunanisme, Et tournoie, Rêver, Comme j’ai mal.
2 Innanoramento
L’amour naissant, L’âme-Stram-Gram, Pas le temps de vivre, Dessine-moi un mouton, Je te rends ton amour, Méfie-toi, Innamoramento, Optimistique-moi, Serais-tu là, Consentement, Mylenium
3 Cendres de lune
Libertine, Vieux bouc, Au bout de la nuit, Tristana, Chloé, Maman à tort, We’ll never die, Plus grandir, Greta
4 Ainsi soit je
L’horloge, Sans contrefaçon, Allan, Pourvu quelles soient douces, La ronde triste, Ainsi soit je, Sans logique, The Farmer’s conclusion
5 L’autre
Désenchantée, L’Autre, Je t’aime mélancolie, Regrets, Pas de doute, Beyond my control
6 Point de suture
Dégénération, Appelle mon numéro, Point de suture, Sextonik, Si j’avais au moins...
7 Bleu Noir
M’effondre, Diabolique mon ange, Moi je veux, Bleu Noir, N’aie plus d’amertume
8 Désobéissance
Au lecteur, Des larmes, Parler d’avenir, On a besoin d’y croire, Retenir l’eau
9 Interstellaire
Love Song, Interstellaires, Stolen Car
10 Monkey Me
Monkey Me, Love Dance, Nuit d’hiver, Je te dis tout
11 Avant que l’ombre
Avant que l’ombre, Q.I., Peut-être toi,
[1] (Merci aux fans de m’avoir indiqué qu’il s’agissait d’un texte de Baudelaire ;-). Je ne corrigerai pas la bourde. Elle est trop belle et mérite d’être immortalisée en ligne. J’assume mon ignorance et confirme donc la beauté des textes.)
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UMADRAB 29 septembre 2018
Mylène Farmer : où placer désobéissance dans sa discographie
Que vous fassiez amande honorable en avouant votre inculture n’apporte rien de plus à votre article mais confirme qu’il eut été bien préférable de confier la critique de cet album à quelqu’un de véritablement lettré, pas forcément connaisseur de tout Farmer (il aurait suffi que l’autre écoute les précédents albums pour le devenir). Car finalement, vous démontrez que vous ne détenez pas le strict minimum pour faire ce métier de critique. Que la référence baudelairienne vous échappe sur ce coup-là est à peu près aussi hérétique que si un critique de cinéma faisait l’impasse sur Hitchcock pour parler des débuts de Brian de Palma. Dois-je en ajouter ? "L’horloge" sur le deuxième album... Il était très bien écrit aussi, ce texte, vous ne trouvez pas ?
Finalement, vous êtes comme ces nombreux fans de la rouquine qui se contentent de l’entendre sans l’écouter. Les textes passent au second plan (et il suffit de lire votre classement des albums pour s’en convaincre : vous n’avez strictement rien compris à la majorité des textes qui font l’univers farmérien et encore moins bien sûr à la multitude de références qui le ponctuent, de Poe à Baudelaire, de Choderlos de Laclos à Primo Levi pour ne citer qu’eux). Passées sous silence bien sûr les dichotomies, les jeux de mots, la polysémie avec lesquels Farmer ne cessent de s’amuser.
Finalement votre "article" (oui, du coup, j’ajoute des guillemets) n’est rien d’autre qu’un alignement de poncifs qui se veulent savants sur le champ lexical de la musique mais dont il ne faut pas être un immense théoricien pour se rendre compte qu’il n’est que vacuité... C’est laid !
GAUFRETEAU 29 septembre 2018
Mylène Farmer : où placer désobéissance dans sa discographie
Bonjour,
je trouve cette critique tout à fait pertinente au contraire ! Elle vient un peu nuancer l’excès d’enthousiasme des "fans".
Quant à Umadrap, reprocher à un auteur d’article de n’être point lettré en écrivant "amande honorable", c’est fort de café (avec ou sans biscuit aux amandes bien entendu).
"Au lecteur" est effectivement un poème de Baudelaire, qui ouvre "les Fleurs du mal" en guise de prologue. Ce n’est pas l’idéal pour un album où c’est l’oreille et la bouche qui communiquent, sans les yeux... Il aurait fait un bon titre caché.
La fin d’"Histoire de fesses" peut faire rire, certes, mais au bout de plusieurs écoutes, on s’en lasse.
On a l’impression d’un album fait pour une seule écoute puis achat, le consumérisme à l’état brut. Mylène Farmer sait qu’elle vend surtout les premières semaines, puis ça dégringole.
Et on finira par dire la même chose de cet album que des précédents : pluie d’éloges à la sortie et quelques années plus tard, dénigrement. Ceux qui la suivent depuis longtemps commencent à être habitués.
Curieusement, le seul album qui échappe à cette tendance est le soporifique "Avant que l’ombre...", honni à sa sortie par beaucoup, à juste titre, et qui passe presque pour son meilleur album désormais, alors qu’il ne contient aucun tube et rien de bien réjouissant...
C’est l’art de susciter les passions !
Jérémy Gallet 30 septembre 2018
Mylène Farmer : où placer désobéissance dans sa discographie
Le mot "hérétique" démontre, si besoin était, la nécessaire excommunication de toutes celles/tous ceux qui ne repèrent pas une référence littéraire, car il est bien entendu que la littérature est une religion. Celle de l’orthographe vous aurait peut-être conduit à écrire "amande" avec un "e". On peut, sans fin, jouer au jeu du "qui fait quelle erreur", sans prendre en compte la grande qualité globale d’un article. Par ailleurs, je ne suis pas de ceux qui considèrent le name-dropping arty (Reverdy, Poe ou Baudelaire) comme une plus-value artistique. C’est avec ses mots seuls que Mylène Farmer démontre ses qualités d’auteur, pas en se revendiquant d’une tradition dont elle réactiverait l’existence.
Thierry Massuleau 30 septembre 2018
Mylène Farmer : où placer désobéissance dans sa discographie
J’aime beaucoup Mylène farmer, mais j’avous être très déçu par cette album. Pour ceux qui la voix, je dirais qu’ils sont sourds et oublis de l’écouter. Du moins pour ces musiques, et non, obligatoirement ces textes. Changer d’auteur musical, n’est pas forcément du gout de tout le monde, et depuis quelque temps, puis de changement, certains de ces fans sont perdus, tel que moi. Je lui conseillerais de revenir à ces origines, et faire une analyse approfondis sur ce qui est à la hauteur, de ce qui ne l’est pas, puis de revenir vers Laurent Boutonnat, qui la mise en valeur. Car, attention, le lien attachant aux fans est très fragile, le lait peux se transformer fromage, et dans de cas, revenir en arrière est impossible. Alors, à savoir si je l’achèterais pour 1 euro, bien je dirais que non. Après cette critique qui malheureusement n’est pas à la hauteur de la chanteuse que j’adore, je souhaite sincèrement qu’elle me la lise, et en prenne note, afin qu’elle en corrige ces erreurs.