Le 1er décembre 2017

- Réalisateur : Alain Jessua
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Lauréat du Prix Jean Vigo, récompensé à Cannes, Alain Jessua est l’auteur d’une œuvre singulière qui a marqué les années 60 et 70.
Alain Jessua avait débuté en tant qu’assistant de plusieurs réalisateurs dont Max Ophuls (Madame de...). En 1956, son court-métrage Léon la lune obtint le prix Jean Vigo. Il attendit huit ans avant de réaliser La Vie à l’envers, avec Charles Denner et Anna Gaylor. Ce premier long métrage qui relatait le parcours d’un homme sombrant dans la solitude et la folie lui valut le prix du meilleur film étranger à la Mostra de Venise. En 1967, Jeu de massacre, subtile réflexion sur la création artistique (avec Jean-Pierre Cassel , Michel Duchaussoy et Claudine Auger), fut récompensé par le prix du scénario au Festival de Cannes. Sans avoir été associé à la Nouvelle Vague, Alain Jessua ne saurait pour autant être assimilé à la nouvelle « qualité française » des années 60 et 70.
Son cinéma à l’écart des étiquettes et des modes traduisait un goût du décalage et des paraboles. Le réalisateur avait aussi une prédilection pour les sujets de société, dans des films que l’on pourrait qualifier de visionnaires : Traitement de choc (1973), avec Alain Delon et Annie Girardot, abordait sous la forme du thriller les dérives de la médecine ; Armaguedon (1977), encore avec Delon, se frottait au thème du terrorisme ; Les Chiens (1979), avec Gérard Depardieu, évoquait l’obsession sécuritaire ; Paradis pour tous (1982), avec PatrIck Dewaere et Jacques Dutronc, se voulait « conte philosophique » sur les dangers de la science. Ses films suivants rencontrèrent un accueil plus mitigé, à l’instar du polar En toute innocence (1988), interprété par Michel Serrault et Nathalie Baye. Après Les Couleurs du diable (1997), Alain Jessua prit ses distances avec le cinéma et se consacra à l’écriture. La Cinémathèque française lui avait rendu hommage en 2017. Le réalisateur qui vient de nous quitter était âgé de 85 ans.