Le 27 août 2017
- Réalisateur : Tobe Hooper
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L’été aura décidément été meurtrier pour le cinéma horrifique américain avec la disparition de Tobe Hooper, peu de temps après celle de George A. Romero.
Le cinéma horrifique n’aurait pas le même visage sans les contributions majeures de George A. Romero avec La nuit des morts vivants (1968) et de Tobe Hooper avec son Massacre à la tronçonneuse (1974). Or, à peine un mois après la disparition de Romero, nous apprenons par Variety le décès de Tobe Hooper ce samedi 26 août à Los Angeles à l’âge de 74 ans. Si la carrière du cinéaste est trop souvent résumée par son fameux titre de gloire, que l’on peut effectivement considérer comme son chef-d’œuvre, elle s’est étendue sur près de quatre décennies et possède de nombreuses qualités.
Né à Austin au Texas le 25 janvier 1943, Tobe Hooper a d’abord été enseignant dans les années 60, tournant occasionnellement des courts métrages ou des films expérimentaux comme son premier long, l’étrange Eggshells (1969). Toutefois, sa carrière a connu un bouleversement majeur avec le tournage de son fameux Massacre à la tronçonneuse en 1974. Avec son budget ridicule et son tournage infernal, le métrage n’avait rien pour devenir un phénomène de société. Et pourtant, le visage du cinéma horrifique n’allait plus tout à fait être le même avec cette vision particulièrement affreuse des rednecks. Totalement hystérique et excessif, le film garde un énorme pouvoir de suggestion, alors même qu’il n’est absolument pas gore, n’en déplaise à son titre. Resté interdit dans plusieurs pays durant de nombreuses années (dont la France où il ne sort qu’en mai 1982), le métrage fait l’objet d’un culte encore renforcé par l’impossibilité de le visionner pour de nombreux fans du genre. Ceux-ci ne seront d’ailleurs pas déçus face à cette œuvre extrême qui reste un jalon du genre.
Par la suite, le réalisateur a persévéré dans l’horreur avec un Crocodile de la mort toujours aussi dégénéré, mais nettement moins réussi. On le retrouve aussi associé à Stephen King dans l’adaptation télévisée des Vampires de Salem en 1979. En 1981, il rend hommage au cinéma de son enfance à travers l’attachant Massacre dans le train fantôme où il continue à dresser un portrait peu flatteur de ses concitoyens ruraux. Toutefois, il connaît son deuxième plus gros succès public grâce à Steven Spielberg qui l’appelle pour diriger Poltergeist (1982), film d’horreur plus mainstream. Certains estiment d’ailleurs que ce projet personnel de Spielberg porte davantage l’empreinte du papa d’E.T. que celle de Tobe Hooper. Le résultat au box-office est toutefois largement satisfaisant avec des recettes américaines s’élevant à 76 millions de billets verts pour une mise de départ de 10M$.
Cela a permis au cinéaste de décrocher un contrat juteux avec la Cannon qui débourse 25 millions de dollars pour mettre en chantier un film de science-fiction horrifique intitulé Lifeforce (1985). Le métrage, très divertissant, est devenu culte malgré son échec public d’alors. Ambitions légèrement revues à la baisse en terme de budget pour L’invasion vient de Mars (1986) qui entend rendre hommage au cinéma SF des années 50. Le résultat artistique est inégal, mais c’est surtout ce nouvel échec commercial qui a poussé Tobe Hooper à revenir à son principal titre de gloire pour une suite tardive, le bien nommé Massacre à la tronçonneuse 2 (1987) qui est loin d’égaler son modèle. Toutefois, les amateurs de cinéma gore et excessif peuvent lui trouver quelques qualités, dont la principale est de ne jamais brosser le public dans le sens du poil. Désormais, la filmographie de Tobe Hooper allait se placer uniquement sous le signe de l’indépendance.
Visiblement atteint par ses multiples échecs commerciaux, le réalisateur se tourne pendant plusieurs années vers la télévision. On le retrouve de temps à autre à la tête d’un long-métrage de cinéma, sans qu’il parvienne à retrouver le feu sacré. De Spontaneous combustion (avec Brad Dourif en 1990) en passant par The Mangler (avec Robert Englund en 1993) ou encore The Toolbox murders en 2004, il semble diluer son talent. Il faut attendre Mortuary en 2005 pour que le cinéaste retrouve le chemin des salles obscures hexagonales. Le film a ses défenseurs, même si l’auteur de ces lignes n’en fait clairement pas partie. Depuis, il a essentiellement tourné deux épisodes pour la série Masters of horror et dernièrement un Djinn (2013) financé par les Emirats arabes unis et inédit chez nous (sa note actuelle de 4,4 sur le site Imdb ne nous porte pas à l’optimisme quant à la qualité du produit fini).
Si les années 90-2000 ont donc été bien moins enthousiasmantes, il faut saluer comme il se doit la mémoire de celui qui fut bien un maître de l’horreur des années 70-80, un créateur intransigeant qui n’aura pas cédé aux sirènes du succès en restant intègre jusqu’au bout. Total respect, donc.
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