Film hippie expérimental et paranormal
Le 30 mars 2013
Réalisé en 1969, Eggshells est resté invisible pendant quarante ans. Alors qu’on le pensait perdu, une copie a miraculeusement été retrouvée. Le film, restauré, sortira d’ailleurs prochainement en DVD.


- Réalisateur : Tobe Hooper
- Acteurs : Allen Danziger, Ron Barnhart, Pamela Craig
- Genre : Drame, Expérimental
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h30mn
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans
- Festival : L’Etrange Festival 2010

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Réalisé en 1969, Eggshells est resté invisible pendant quarante ans. Alors qu’on le pensait perdu, une copie a miraculeusement été retrouvée. Le film, restauré, sortira d’ailleurs prochainement en DVD.
Notre avis : Parmi toutes les pépites offertes par l’Etrange Festival, la projection du premier film de Tobe Hooper fut sans doute l’un des évènements majeurs. En tout cas, une vraie curiosité, tant le réalisateur de Massacre à la tronçonneuse est essentiellement connu pour ses récits d’horreur. Prenant la forme d’un film « hippie » comme le décrit le cinéaste, cette première œuvre nous donne les clés pour cerner un peu plus sa mise en scène et comprendre ce tournant vers le cinéma d’horreur. S’il ne préfigure pas totalement de la sauvagerie de Leatherface, Massacre à la tronçonneuse est une réponse directe à l’échec d’Eggshells (qui ne rapportera pas un centime).
Dans son premier long-métrage, Tobe Hooper y filme la jeunesse de l’époque sous l’œil d’une caméra adoptant les codes du documentaire (Massacre à la tronçonneuse en conservera les stigmates avec son image poisseuse et son scénario inspiré d’une histoire vraie). On sent que le réalisateur a passé du temps avec les acteurs pour accumuler des heures et des heures de rushes afin d’en prélever quelques courts passage. En filmant à Austin en 1968, Eggshells s’avère aussi être un précieux document décrivant remarquablement l’état d’esprit politique et social de l’époque, un an avant que Charles Manson ne sème la terreur dans le pays.
Si Eggshells reste suffisamment narratif, il accumule les séquences expérimentales (qu’elles soient sonores ou visuelles) à l’image d’une scène, reposant intégralement sur le montage, où un personnage se bat à l’épée avec son double (le film ne cache pas son aspect paranormal). Aussi libre que le groupe de jeunes adultes qu’il colle au plus près, en multipliant les gros plans, Eggshells se conclut pourtant sur un mariage. Comme si l’auteur voulait souligner par cette union la fin d’un temps. La coquille -eggshell en anglais- dans laquelle semble vouloir s’enfermer les personnages ne se renforcerait pas mais finirait alors par se briser. Les autres personnages (des fantômes ?) préfèreront d’ailleurs s’évaporer dans leur drôle de machine pour partir dans un monde meilleur, accentuant un peu plus le crépuscule d’une jeunesse insoumise, marquée par le mouvement hippie. Cinq ans plus tard, Tobe Hooper enfoncera le clou en les massacrant violemment.