Le 26 février 2003
Un thriller intense dans lequel les hantises et les douleurs du passé remontent peu à peu à la surface.
Un thriller intense dans lequel les hantises et les douleurs du passé remontent peu à peu à la surface.
Mort aveugle pourrait bien trouver sa place parmi les polars les mieux ficelés du moment. Tous les ingrédients sont habilement dilués et l’ensemble est épicé à souhait. L’histoire se déroule dans une petite bourgade tranquille (évidemment !) du Sud des Etats-Unis, où tout le monde connaît son voisin, le genre d’endroit où l’on sort faire ses courses en laissant sa maison ouverte. Sara, une pédiatre, travaille comme médecin légiste pour la police. Par la force des choses, elle croise donc fréquemment Jeffrey, son ex, chef de la police en question. Et puis, boum ! Adieu la légendaire sérénité de Grant County !
Sara découvre Sibyl Adams dans les toilettes d’un restaurant. La jeune aveugle a été atrocement mutilée et violée. Sara tente de lui porter secours, mais en vain. Sibyl meurt entre ses bras. Lena, la soeur de la victime, travaille aux côtés de Jeffrey. L’enquête va être menée tambour battant par ces trois personnages et durer une semaine. Faut-il voir dans cet acte ignoble la signature d’un illuminé, tueur en série, ou fanatique religieux ? Sur le corps, un signe de croix a en effet été dessiné au couteau. L’autopsie va révéler d’autres éléments troublants. Jusqu’à ce que le tueur frappe une nouvelle fois...
Le rythme est haletant et Karin Slaughter maîtrise parfaitement son sujet. L’abondance de dialogues offre au récit une agréable et prenante nervosité. Le jeu des sentiments empiète parfois fort logiquement sur les rapports professionnels, mais l’auteur ne tombe jamais dans la mièvrerie comme cela devient fréquent au sein de cette nouvelle vague d’auteurs de polars américains. Les personnages, qu’ils soient flics ou médecins, constituent des modèles de rigueur, d’exactitude et de froideur. A fleur de peau, tendus, irrascibles...
La crédibilité de ce roman tient aussi à sa richesse scientifique. En prime, le dénouement réserve de nombreuses surprises. Karin Slaughter dévoile une Amérique conquérante malade de ses enfants. Une Amérique capable d’engendrer des monstres mais également de les briser, avec patience, lucidité et hargne. Un paradoxe à l’image de ce pays, capable du meilleur comme du pire.
Karin Slaugther, Mort aveugle (Blindsighted, traduit de l’américain par Paul Thoreau), Grasset, coll. "Thriller grand format", 2003, 411 pages, 20 €
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.