Dollar ou du cochon ?
Le 15 décembre 2004
Steven Bochco est un auteur de séries télé. D’ailleurs, ce statut, il s’amuse à le tourner en ridicule dans ce polar, machiavélique et drôle.


- Auteur : Steven Bochco
- Editeur : Flammarion
- Genre : Polar, Roman & fiction

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Sans doute qualifierait-on ce polar de glauque s’il n’impliquait pas le gratin d’Hollywood, donc forcément une petite part de magie. Et le gratin d’Hollywood, c’est ici des starlettes et des scénaristes de séries B, des producteurs et des agents littéraires, qui se retrouvent par la force des choses embringués dans une affaire de meurtre. Et lorsqu’un meurtre a lieu à Hollywood, il est forcément question de blonde siliconée, d’un gigolo apprenti acteur et d’un flic toujours corruptible. Eh bien oui, bonne pioche, il y a tous ces éléments dans ce bouquin.
La blonde s’appelle Linda, est mariée à un producteur pété de tunes, et a comme amant un certain Ramon qui s’est enfilé tout de ce que la ville compte comme actrices célèbres. Sans compter qu’il filme tous ses ébats, sans le consentement de ces dames bien évidemment. Alors quand il fait un odieux chantage à Linda, ni une ni deux, elle le zigouille. Sous les yeux de Bobby Newman, un scénariste qui cherche en vain l’inspiration disparue. Ça tombe bien que ce meurtre se déroule sous ses fenêtres parce qu’il décide d’en faire son prochain sujet de scénario. Alors il camoufle des preuves et fait l’innocent, tout ça en croyant berner Dennis Farentino, un flic qui en a vu d’autres.
Steven Bochco est, lui, un scénariste de renom. Il a écrit pour Columbo (cette histoire fonctionne d’ailleurs sur le même modèle, dans la mesure où l’on connaît le coupable dès les premières pages), N.Y.P.D. Blues, ou encore Hill Street Blues. Autant dire que ce qui semble couler de source dès le début du roman va évidemment s’avérer une hypothèse complètement foireuse. De rebondissements en coups de théâtre, sur un ton aussi débraillé que ses personnages, Bochco s’amuse des polars conventionnels pour mieux faire tourner le lecteur en bourrique. A chaque fois que l’on croit l’affaire pliée, un petit engrenage vient relancer le mécanisme. Rien ni personne n’est épargné dans ce jeu de dupes et surtout pas le lecteur qui, jusqu’au bout, verra ses certitudes fondre comme neige au soleil. C’est vrai qu’il fait toujours un temps splendide à Hollywood.
Steven Bochco, Mort à Hollywood (Death by Hollywood, traduit de l’anglais par Pierre Ménard), Flammarion, 2004, 278 pages, 19,90 €