Entre deux . T.1 - La chronique BD

Le passage de l’enfance à l’adolescence est un moment pas très tendre qu’il est toujours utile de raconter d’une façon plus douce, plus lumineuse, quitte à éclaircir et romancer la réalité. Et pourtant, Entre deux fait le pari de révéler deux amis qui paraissent beaux, sympathiques, en un mot parfaits, alors qu’ils ne le sont pas. Leurs différences avec les autres, sources de moqueries, et en fait simples conséquences de drames ou négligences de leurs familles, vont fonder leur amitié, et plus si affinité. Les affinités justement sont le cœur et l’essence de ce manga, qui veut décrypter les petites choses qui permettent de tomber amoureux, de détecter les signes d’un intérêt à un moment de la vie où les hormones s’éveillent, lentement ou non. Le choix de parcourir des souvenirs, plus ou moins espacés dans le temps et plus ou moins allongés en durée, voire en récurrence, permet à l’autrice de composer une œuvre non linéaire et donc plus complexe qu’elle ne semble au premier abord.

Kujira / Akata

Cette non linéarité se rencontre également dans le dessin, qui va alterner un couple de personnages changeant entre primaire, collège et lycée. Changeant car leur physique s’inverse, le choix d’une jeune fille plus grande que les garçons, fréquent dans la vie mais rare à l’écran pour la fin de primaire et début du collège, permet de surprendre le lecteur et ajoute une dimension graphique et donc physique importante aux rapports entre protagonistes. Pour le reste, les éléments hors scolaire semblent assez éthérés, sans consistance, comme si l’école consacrait finalement la sociabilité des jeunes gens, et qu’il fallait donc en priorité la représenter.

Kujira / Akata

Touchant aux rapports de deux jeunes enfants alors qu’ils se découvrent, sans humour lourd ni envolée lyrique, Entre deux porte donc bien son nom, une histoire qui ne se veut ni comique ni poétique, à l’image de la vie finalement.