Le 2 avril 2020
L’un des films les plus drôles de l’histoire du cinéma. Sans doute le sommet artistique des Monty Python, qui dynamitent le mythe du Graal par un nonsense de tous les instants.


- Réalisateurs : Terry Gilliam - Terry Jones
- Acteurs : John Cleese, Terry Jones, Eric Idle, Terry Gilliam, Graham Chapman
- Genre : Comédie, Fantastique, Aventure
- Nationalité : Britannique
- Durée : 1h30min
- Date de sortie : 3 décembre 1975

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Résumé : Le roi Arthur et les Chevaliers de la Table Ronde se lancent à la conquête du Graal, chevauchant de fantômatiques montures dans un bruitage de noix de coco cognées. La petite troupe va devoir passer mille épreuves, dont un chevalier à trois têtes, des jouvencelles en chaleur, voire même un terrible lapin tueur.
Critique : Des chevaliers se déplacent sur des montures imaginaires. Leurs serviteurs entrechoquent des noix de coco pour reproduire le bruit des sabots. Arthur se prend un seau de merde, croyant avoir trouvé le château qui abrite le Graal. Le même se bat contre un chevalier noir à qui il coupe les deux bras et les deux jambes, avant que ce dernier déclare "match nul !". Des serfs font valoir leurs revendications au souverain britannique, au nom de l’auto-gestion communautaire. Galaad le pur, guidé par l’apparition d’un fanal en pleine nuit, se retrouve dans un château de jeunes nymphomanes. Un lapin tueur, gardien d’une grotte, est anéanti grâce à la Sainte Grenade d’Antioche. Un inquiétant vieillard, à l’entrée du Pont de la Mort, pose des questions sur des hirondelles. Et tout ce beau monde finit par être embarqué par les flics, alors que la quête mystique était très clairement sur le point d’échouer.
On n’en finit pas d’énumérer les scènes cultes de cette extraordinaire comédie, summum du nonsense anglais que les Monty Python ont si brillamment représenté. Sacré Graal est le meilleur film des joyeux lurons britanniques, qui ne savaient sans doute pas, à l’époque où ils l’ont tournée, que leur parodie folle d’un mythe médiéval demeurerait une référence pour des générations d’humoristes, en France et ailleurs.
Si la quête de la coupe magique ne constitue qu’un mince fil narratif sur lequel viennent se greffer une série de sketches, très semblables, dans leur esprit, à ce que la troupe faisait depuis des années à la télévision, on ne peut pas dire qu’une scène soit ratée. Souvent, l’inventivité visuelle vient pallier le faible budget du long-métrage : outre la géniale trouvaille des chevaux invisibles, les magnifiques dessins à la fois surréalistes et poétiques de Terry Gilliam prennent le relais de séquences impossibles à incarner, comme l’apparition du monstre dans la grotte de Caerbannog.
Enfin, on ne saurait réduire ce film parodique à sa dimension hilarante. Certes, les Monty Python s’amusent, mais leurs trouvailles témoignent d’une excellente culture médiévale (Terry Jones, l’un des réalisateurs, signera d’ailleurs des ouvrages de référence sur la période) et, au-delà, certains moments sont aussi des allusions à d’autres longs-métrages : on retiendra particulièrement la scène des morts que l’on ramasse, réminiscence réaliste des cadavres de Thèbes dans Œdipe roi. Jones et Gilliam ne l’ont jamais caché : ils étaient admirateurs du cinéma de Pasolini.