Monsieur Parent - la critique + le test DVD

L’éditeur Lowave nous propose une plongée dans le monde créatif de l’un des architectes français les plus prolifiques et polémiques du XXème siècle. Un véritable cabinet de curiosités.

L’argument : Ce film informe sur la pensée de Claude Parent, s’interroge sur ses motivations. Il donne les clés de son travail d’architecte. Pourtant, il ne s’agit pas d’un film d’architecture. Brigitte Cornand démontre peu à peu les secrets de la création, en passant s’il le faut par l’émotion que l’on ressent. « Quant à moi, j’y ai découvert la réponse à une question que je me pose sur la représentation de l’architecture, celle de la fusion de deux langages artistiques très proches : l’image en mouvement et l’expression architecturale figée dans le temps, mais en évolution constante. » Claude Parent, 27 avril 2012

Notre avis : Des lignes, des obliques, de l’espace. En trois coups de crayon, les contours de l’univers de Claude Parent sont tout tracés sur les cartons blancs qu’il balaie de ses traits fins et précis. Qui est donc monsieur Parent ? Tout simplement le père de la « fonction oblique », qu’il a pensée en compagnie du philosophe et critique Paul Virilio – une pensée utopique, riche de potentialités concrètes dans l’espace habité et la société. Le documentaire d’architecture est un genre en soi – il suffit penser à la magnifique série Architectures créée pour Arte par Frédéric Compain et Richard Copans –, au sein même de la catégorie des films consacrés à un art ou un artiste. Monsieur Parent ne suit pas le parcours biographique de l’architecte, même si des fragments de vie sont évidemment évoqués par le biais des réalisations ou des anecdotes de l’homme même – ainsi, l’évocation d’un cabinet d’architecture quasi-utopique lui aussi, où les intellectuels et les artistes de l’époque (dont Rohmer !) venaient passer du temps en compagnie de l’architecte et de ses apprentis. En choisissant Claude Parent, la cinéaste Brigitte Cornand s’est attachée un personnage complexe, indéniablement critique et polémique, dont les réalisations pourraient être aujourd’hui considérées – ultime paradoxe – comme à la fois novatrices et contre l’air du temps.
Les entretiens sont denses ; certains relèvent du pur exercice intellectuel, quand d’autres tendent une main à l’auditeur par le biais d’une métaphore ou d’un exemple concret : et dans ce flot de paroles, les images que retient le spectateur sont parfois d’une force troublante, comme ce « mur dans un champ » que Claude Parent explique être le parangon et l’aboutissement de l’architecture. Il est également fascinant de voir les fragments réalisés autour du motif du dessin, lorsque la caméra se contente de témoigner du cheminement de la main sur le papier, cette main dont les philosophes et les artistes affirment qu’elle n’est pas seulement un outil, mais encore une véritable pensée en elle-même. Pour tous les curieux d’architecture, mais aussi de processus créatif et de pensée critique, cette approche de l’architecte est une porte d’entrée « par la crête », dans le vif du sujet, et qui donne envie d’en lire et d’en voir plus. Comme si, de la maison, nous ne voyions encore que le seuil.

Le DVD

Les suppléments

Trois dessins, tracés d’un trait surprenant, accompagnent le DVD sur un beau petit livret. Pour prolonger la pensée de Claude Parent au-delà du documentaire, il faudra se plonger dans d’autres de ses livres ou dessins...

Image

Plusieurs régimes et donc qualités d’images coexistent dans le documentaire ; si la qualité de la vidéo est correcte, on apprécie davantage les séquences filmées en pellicule, dont le grain et la colorimétrie sont restitués avec précision par la copie DVD.

Son

Rien à signaler sur l’unique piste stéréo, parfaitement adaptée au format documentaire...