Monsieur Apothéoz – Julien Frey, Dawid – la chronique BD

Critique : Interroger la notion d’échec à travers une comédie décalée et résolument positive, tout en surprenant son lecteur : voilà la tâche ardue que sont parvenus à mener Julien Frey (Un jour il viendra frapper à ta porte, Michigan, L’œil du STO…) et le dessinateur Dawid (Les mômes, Supers). Saluons la performance, car les comédies sociales réussies sont assez rares en bande dessinée. Le scénario est en apparence simple : archétype du loser, Théo est amoureux de Camille, cet amour de jeunesse à qui il n’a jamais su admettre ses sentiments. Il ressasse ce passé ainsi que la mémoire familiale qu’il interprète comme une série d’échecs. Le récit bascule avec la mort du père de Théo puis lorsque le héros fait la rencontre d’Antoine Pépin, écrivain qui n’est lui-même peut-être pas exactement ce qu’il prétend. De son côté, Camille est une femme de caractère, tant et si bien qu’elle souffre d’une forme de « trouble de la colère » qui la conduit à des réactions parfois excessivement violentes...

Julien Frey, Dawid – Vents d’Ouest

Pour illustrer cette histoire, Dawid utilise une palette de couleurs douces – qui s’intensifient lors de certaines scènes clés – et s’appuie sur des décors fournis qui représentent une France des bistros et des épiceries figée dans le temps. Le dessinateur n’hésite pas à bousculer le traditionnel gaufrier pour les besoins du récit, comme lorsque Théo et Antoine, après une soirée bien arrosée, se retrouvent à disserter au bord d’un cours d’eau.

Julien Frey, Dawid – Vents d’Ouest

De surprise en sourires, le lecteur se laisse facilement porter jusqu’au dénouement final et s’interrogera lui-même, une fois l’album refermé, sur le sens de sa propre histoire et de ses échecs. Une jolie lecture.

Retrouvez également l’émission de notre podcast Dans ma bulle : nous avons invité les deux auteurs à parler de leur album.