Musicopathie atypique
Le 23 avril 2003
Soul, funk, hip-hop et électro passés à la moulinette pour un groove inédit.
- Artiste : Doctor L
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Pour son troisième album, Liam Farrell passe soul, funk, hip-hop et électro à la moulinette pour donner naissance à un groove inédit, aéré et aquatique.
S’il s’est autodésigné Doctor, c’est que Liam Farrell doit se savoir sacrément atteint. De quoi ? D’une sorte de passion dévorante et sans limites pour la musique, pour les musiques. Son parcours hors normes l’atteste d’ailleurs. Né à Dublin en 1968, Liam quitte très tôt l’Irlande pour Paris où il fait ses premières armes dans le rock au début des années 80, derrière la batterie des Wampas ou de Taxi Girl. Mais très vite, il va intégrer un univers plus engagé politiquement et musicalement en rejoignant dès 1990 Assassin, plus belle réussite française en matière de hip-hop hardcore. C’est également à cette époque qu’il signe ses deux premières BO de film (Métisse de Mathieu Kassovitz et Etat des lieux de Jean-François Richet), avant de collaborer aux premiers albums solo des deux anciens Ministère Amer, Stomy Bugsy et Passi.
En 1998 arrive enfin Exploring Da Inside World, premier album signé Doctor L, plongée dans l’univers érudit et éclaté d’un alchimiste de studio passionné de hip-hop et de musiques électroniques. Mais à cette époque-là, en France, une maladie aussi imprévisible que ravageuse gagne du terrain : le trip-hop. Toute production instrumentale ne respectant pas un rythme binaire (telle la house) est ainsi assimilée à ce terme passe-partout, véritable fléau communicationnel dont les victimes viendront bientôt emplir les bacs à soldes des disquaires. Exploring Da Inside World en fera malencontreusement partie. Pourtant, le disque révèle déjà une personnalité forte que Monkey Dizzyness vient aujourd’hui imposer telle une évidence.
Soul, funk, jazz, hip-hop, électro, rock : tout est ici passé à la moulinette Doctor L, organique et ultra-sélective, ne laissant aux chansons souvent devenues squelettiques que des lambeaux de grâce et de volupté sur les os. The Def Song, qui bénéficie du timbre chaud de Clip Payne (Funkadelic), ou le sublime Second Class Passenger témoignent de l’inspiration et du sens de la synthèse dont fait preuve le Doctor. Mais ce stakhanoviste des consoles de mixage (il a récemment travaillé avec Tony Allen, Bashung ou Rodolphe Burger) sait heureusement se délester de toute virtuosité inutile, évitant ainsi au disque de se noyer dans une esbrouffe technique qui aurait eu raison de sa spontaneité et de son âme. Et d’âme, Monkey Dizzyness n’en manque assurément pas. Comme le prédit son intro, "This is the mystic soul"...
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