Woody says I Love Paris
Le 2 février 2016
Pour son nouveau passage hors-compétition sur la Croisette, Woody Allen renoue avec le charme de La rose pourpre du Caire sans renier sa fibre sarcastique qui lui permet de décortiquer les névroses modernes. Une belle comédie où Owen Wilson joue l’alter ego du cinéaste new-yorkais.
- Réalisateur : Woody Allen
- Acteurs : Kathy Bates, Marion Cotillard, Owen Wilson, Rachel McAdams, Alison Pill, Thierry Hancisse, Michael Sheen, Léa Seydoux, Adrien Brody, Carla Bruni, Guillaume Gouix, Tom Hiddleston, Sonia Rolland, Corey Stoll, Nina Arianda
- Genre : Comédie, Romance
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Mars Distribution
- Durée : 1h34mn
- Date télé : 27 décembre 2023 20:55
- Chaîne : Arte
- Titre original : Minuit à Paris
- Date de sortie : 11 mai 2011
- Festival : Festival de Cannes 2011
Résumé : Un jeune couple d’Américains dont le mariage est prévu à l’automne se rend pour quelques jours à Paris. La magie de la capitale ne tarde pas à opérer, tout particulièrement sur le jeune homme amoureux de la Ville Lumière et qui aspire à une autre vie que la sienne.
Critique : Après Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu, sorti l’an dernier, Woody Allen suit de nouveau les pérégrinations d’un couple mal assorti, dont l’un des deux partenaires cherche à donner un sens à sa vie. Même s’il est absent devant la caméra, le réalisateur a bien évidemment fait de son héros, Gil, son parfait alter-ego. Interprété par un Owen Wilson parfait, le personnage est un brillant scénariste hollywoodien frustré se rêvant en grand intellectuel romantique à Paris, au désespoir de sa future épouse, matérialiste et élitiste. Avec ses airs d’amoureux éploré, qui lui ont valu les faveurs de Wes Anderson, dont il est l’acteur fétiche, il semblait logique que la route de l’acteur finisse par croiser celle du cinéaste New Yorkais et, au vu du résultat, on s’étonnerait presque que cela ne soit pas arrivé plus tôt. Le comédien ne singe pas Woody Allen et n’en rajoute jamais, tout en étant d’une très grande justesse.
Quant au cinéaste, après ses interludes anglais et espagnols, il ne semble pas prêt de quitter l’Europe, qui apporte régulièrement depuis 2005 une bouffée d’air frais à son cinéma. Il serait certes exagéré de dire qu’il se réinvente avec Minuit à Paris, le film reprenant toujours ses thématiques de prédilection, mais il parvient ici à allier le charme du très beau La rose pourpre du Caire (1984) à sa veine sarcastique classique, avec laquelle il se plaît à démonter les petites et grandes hypocrisies relationnelles de notre temps. Un équilibre délicat qui distingue ce quarante-et-unième long-métrage des précédents films de son auteur
Par un exquis deus ex-machina, notre héros se retrouve embarqué chaque nuit dans un bar des années 20 où il trinque avec Scott et Zelda Fitzgerald, Ernest Hemingway ou Pablo Picasso, réalisant ainsi son rêve de vivre pleinement dans un Age d’Or révolu. Cette galerie de personnages mythiques, souvent interprétés par des visages connus (mention spéciale à Adrien Brody en Dali), assure des moments de franche rigolade où le cinéaste parvient parfaitement à jouer de ses références tout en cultivant un nonsense des plus plaisants.
Cependant, comme dans La rose pourpre du Caire, cette atmosphère de nostalgie surannée n’est qu’une illusion. L’approche de Woody Allen révèle une grande lucidité sur la notion "d’âge d’or" qui lui permet de désactiver tout cliché attendu quand bien même il joue avec l’imaginaire le plus ressassé qui soit autour de Paris et ses grandes périodes que sont la Belle Époque et les années 20... sans compter les habituels passages à Montmartre. Partagé entre une muse des années 20, parfaite incarnation de ses aspirations comme de ses errances et une fiancée moderne et cassante avec laquelle il ne partage que l’amour de la nourriture, Gil devra faire face à un dilemne très similaire à celui de l’héroïne incarnée par Mia Farrow dans La rose pourpre du Caire, qui devait choisir entre une triste réalité où elle est mariée à un rustre et un univers de celluloïd intemporel et naïf où vit l’homme de ses rêves.
Plus léger et optimiste que ce précédent classique, Minuit à Paris apparaît comme une ballade nocturne d’une simplicité désinvolte dans l’imaginaire parisien d’un intellectuel américain. Dommage cependant que la fin, un peu trop abrupte, manque d’ampleur ou d’émotion véritable.
Et l’apparition très médiatisée de Carla Bruni dans tout ça ? Et bien, n’en déplaise à ses détracteurs, sa performance ne prête pas à raillerie... mais ne mérite pas de compliments non plus ni de remarques particulières. A part traduire un texte du français à l’anglais au héros et prononcer quelques phrases sur Rodin, son personnage n’a pas d’utilité véritable et ce tout petit rôle tient plus du caméo de charme qu’autre chose.
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Frédéric Mignard 12 mai 2011
Minuit à Paris - Woody Allen - critique
Les clichés de carte postale ennuient pendant 20 minutes, avant de laisser place à une comédie cultivée, pleine de fantaisie dans ses voyages temporels, qui n’est pas sans rappeler l’un des plus grands Woody Allen, une certaine Rose pourpre du Caire... On en ressort sous le charme, rassuré par la présence d’Owen Wilson, moins fanfaron qu’à l’accoutumée et alter ego parfait du cinéaste.
roger w 23 mai 2011
Minuit à Paris - Woody Allen - critique
Woody revient avec une charmante comédie qui séduit davantage dans sa deuxième partie plus fantastique que lors de la présentation des personnages qui nous assomment de clichés sur la France et les Français. Tous les acteurs sont bons et l’on ressort avec du champagne dans la tête. Très agréable, à défaut d’être transcendant.
Frédéric de Vençay 25 juin 2011
Minuit à Paris - Woody Allen - critique
Voilà bien quatre ou cinq ans que Woody cinéaste donne l’impression d’être parti en vacances, et son choix se porte cette année sur la capitale française. Sous son formidable pitch fantastique (et fantaisiste), Allen ne retrouve pas tout à fait la magie qui habitait la danse finale de son "Tout le monde dit I love you" : très plaisante, sa comédie reste en pantoufles alors qu’elle possédait le potentiel d’un grand film. On ne boudera quand même pas (trop) notre plaisir devant ce spectacle souvent drôle, spirituel et euphorisant, avec un Owen Wilson délicieux et un discours (pas si con) sur notre penchant arbitraire à la nostalgie.