Le 23 avril 2022
- Acteur : Michel Bouquet
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Grand comédien de théâtre et de cinéma, plusieurs fois récompensé, professeur mémorable au Conservatoire, Michel Bouquet est mort le 13 avril 2022, à l’âge de 96 ans.
News : L’un des "monstres sacrés" du théâtre et du cinéma est mort le 13 avril 2022, à l’âge de 96 ans. Michel Bouquet a mené une carrière dense sur les planches d’abord, par l’intermédiaire du Conservatoire national supérieur d’art dramatique qu’il intègre au milieu des années 40, après avoir suivi les cours de Maurice Escande, sociétaire de la Comédie-Française depuis 1936. L’un de ses camarades de promotion est Gérard Philipe qui, comme Bouquet, sera de l’aventure du TNP, période Jean Vilar.
L’artiste débute son parcours sur scène par Première Étape, de Claude Géraldy, en 1943, avant de collaborer avec des auteurs comme Albert Camus et Jean Anouilh, à partir de 1945. Dans Caligula, l’acteur incarne le rôle du jeune poète Scipion sur une mise en scène de Paul Œttly. Dans Les Justes, il est l’inflexible révolutionnaire Stepan Fedorov, sous la direction du même Œttly. En ce qui concerne Anouilh, la collaboration se poursuivra durant plusieurs décennies et l’on notera que c’est grâce à l’une des pièces, Roméo et Jeannette, créée au Théâtre de l’Atelier en 1946, que le comédien obtient son premier rôle principal, celui de Lucien, un cocu désabusé. Michel Bouquet enchaîne ensuite les grands écrivains du répertoire (Shakespeare, Molière, Diderot), tout en interprétant les grands auteurs modernes (Pinter, Beckett, Bernhard, Ionesco dont il jouera d’innombrables fois Le Roi se meurt, marquant les esprits des spectatrices et spectateurs). Il y a cinq ans, il était encore sur les planches pour une reprise du Tartuffe, sous la direction de Michel Fau. Ce long et prolifique itinéraire fut deux fois couronné par le Molière du comédien (en 1998 et 2005).
Au cinéma, Michel Bouquet aura tourné avec quelques-uns des plus brillants metteurs en scène de leur génération : de sa présence sur les écrans entre 1947 à 2021, on retiendra bien sûr ses rôles dans les longs métrages de Claude Chabrol et François Truffaut : le premier lui offrira un personnage de bourgeois assassin dans La Femme infidèle en 1969, avant de lui donner un rôle extraordinaire par l’intermédiaire du trop méconnu Juste avant la nuit (1971), où Bouquet incarne un homme que le remords accable, avec une impressionnante véracité. Le second lui permet de figurer dans La mariée était en noir (1968), où son interprétation d’un homme séduit par l’héroïne vengeresse, puis puni par elle, marque les esprits. Si l’enchaînement des protagonistes antipathiques contribue à figer l’image de l’acteur, on peut dire que Michel Bouquet s’en acquitte avec magistralité, éclipsant presque la prestation de ses partenaires prestigieux Jean Gabin, Alain Delon ou Lino Ventura : ainsi, le très engagé Deux hommes dans la ville, en 1973, lui permet de composer un implacable flic vindicatif, rôle qu’il reprendra sous les traits du prototypique Javert, au sein de la superproduction Les Misérables, de Robert Hossein, sortie en 1982.
Les dernières décennies révèleront l’immense étendue de sa palette qui va de l’incarnation sans caricature d’un homme politique, en l’occurrence François Mitterrand dans Le Promeneur du Champ-de-Mars de Robert Guédiguian (2005) au vieillard acharné des Côtelettes de Bertrand Blier (2003), en passant par le héros mélancolique de Toto le héros, le premier film de Jaco Van Dormael, en 1991.
Récompensé par deux César du meilleur acteur en 2002 et 2006, Michel Bouquet a également été professeur au Conservatoire à partir de 1977, formant toute une génération d’actrices et d’acteurs, comme Christophe Lambert, Denis Podalydès ou Anne Brochet.
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