Quelle lucidité, quelle clairvoyance, quelle pénétration - et quel humour - pour recréer la toute petite enfance, l’Amélie de zéro à trois ans. La toute-puissance, l’invulnérabilité de l’enfant qui ne peuvent se comparer qu’à celles de Dieu. Après n’avoir été qu’un tube, la voici qui s’ouvre à la vie, prend possession de son "je", petite Martienne qui observe des phénomènes inédits, en trouve les clés et les catégorise en raisonnements imparables. Et puis vient l’heure de la première grande angoisse. Tout a une fin. Les saisons, la grand-mère, la vie au Japon. Injustice totale. Comme remède, il ne lui reste plus qu’à graver les merveilles de ce paradis dans la matière de son cerveau... et à nous les restituer trente ans plus tard dans un petit livre de 157 pages bourré d’adorables surprises, prose fluide, serrée, où crépite ici ou là un de ces mots qu’Amélie Nothomb prend plaisir à sortir de son sac à malice. Zinzolin. Tel le ciel de la nuit qui n’est pas complètement noir. Zinzolin. Rien que pour avoir tiré ce mot de l’oubli, Amélie mérite l’éternité...