Le 6 avril 2018
CenZa prépare le terrain de son prochain album aux grosses sonorités West Coast par un court EP percutant, annonçant le meilleur pour la suite.


- Durée : 18mn
- Date de sortie : 6 avril 2018

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Notre avis : Au vu de sa pochette, on attendait de Menace un son tout aussi sombre et hardcore que sur l’album Les Prophéties d’une Plume, qui nous avait bien secoué l’année dernière. Mais CenZa, avec plus d’un tour dans sa poche, nous sort avec ce court EP un essai prototype de sa nouvelle direction artistique. Fini les sonorités crados d’un rap old school new-yorkais, dont Mobb Deep et le Wu-Tang (notamment) ont fait les beaux jours. Le rappeur de Montreuil reste dans un délire américain, mais change de côte, et si personnellement (faisons sauter le "on", c’est une opinion totalement subjective là) je garde une plus grande affection pour les samples pluvieux et jazz / soul des quartiers de la Grande Pomme, impossible de ne pas saluer la tentative fructueuse de CenZa. Prémices à son prochain album Tout Droit Sorti de Montreuil, qui devrait en toute logique s’ancrer dans cette même continuité (on sait où il a choppé son titre d’album en tout cas), Menace est un peu l’équivalent du Vieux Moulin de Disney avant de lâcher son Blanche-Neige en 1937. Le créateur de Disney prenait le pouls de l’accueil de ses innovations techniques, CenZa, lui, prend le pouls de son changement d’univers musical (Disney et CenZa, même combat).
Pourtant, hormis la musicalité totalement différente, le Montreuillois ne change pas beaucoup ses habitudes. Même écriture hardcore qui égratigne et qui rajoute du sel aux plaies créées, même flow crachant et même aptitude à produire des bangers, comme ce Menace (le morceau), fait pour bouger la tête en cramant les suspensions de sa Clio III. Menace (l’EP) est du pur CenZa, mais sous le soleil brûlant de Montreuil (genre en été). L’atmosphère funk et rêche fleure bon les barbecues de quartier des années 90 - à l’époque où ça ne passait pas encore du MHD et du Jul - mais avec cette dimension ambivalente entre des prod’ gangsta rap estivales, et une écriture qui tache. Assassin de l’Etat reflète bien cette conservation d’identité chez le rappeur, avec ce même goût pour les grosses instru’ entêtantes, combinaison destructrice de sons variés et parfois atypiques (au début du morceau je croyais avoir entendu mon Nokia 3310, puis je me suis souvenu que j’avais pas de Nokia 3310). L’ambiance ensoleillée de Menace ne retire en rien la capacité de CenZa à produire des textes sombres et brutaux, à la limite du malaise, comme Les Rues de l’Enfer, prouvant que le rappeur peut se plier à (et surtout plier) une grande variété de styles, avec un résultat uppercut qui continuera de malmener son auditeur. Après un EP pareil, on ne peut que attendre de pied ferme Tout Droit Sorti de Montreuil.