Une bonne tête de Guillaume
Le 9 juillet 2011
Le premier long-métrage de Mikhaël Hers confirme le talent d’un cinéaste qui a ébauché en quatre films une oeuvre singulière empreinte d’une douce et entêtante mélancolie.
- Réalisateur : Mikhaël Hers
- Acteurs : Didier Sandre, Marie Rivière, Thibault Vinçon, Bérangère Bonvoisin, Thomas Blanchard, Lolita Chammah, Louis-Ronan Choisy, Dounia Sichov, Stéphanie Déhel, David Sztanke
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Ad Vitam
- Plus d'informations : http://www.advitamdistribution.com/...
L'a vu
Veut le voir
–
– Durée : 1h35mn (film)
– Durée : 4h30mn (ensemble du programme)
– Sortie vidéo : le 05 juillet 2011
Le premier long-métrage de Mikhaël Hers confirme le talent d’un cinéaste qui a ébauché en quatre films une oeuvre singulière empreinte d’une douce et entêtante mélancolie.
L’argument : Août, Hauts de Seine, dans la banlieue Sud-Ouest de Paris, sept amis de 25 ans se retrouvent plus ou moins "fortuitement" à passer quelques jours dans cette ville qui les a vus grandir. Chacun a ses raisons d’être là : certains y vivent encore, d’autres y reviennent pour des raisons familiales, d’autres y cherchent des traces d’une adolescence tenace, d’autres pensent peut-être échapper au désoeuvrement ou y trouver l’amour... Pendant une semaine, nous les suivons de manière isolée et en groupe. Au détour des rues désertées de cette ville fantôme, alors que les journées filent sous le bleu profond du ciel d’août, chacun porte en lui l’intuition que ces moments partagés sont peut-être les derniers...
Notre avis : : Un petit côté apprêté et certaines gaucheries n’altèrent pas la saveur délicieusement amère de ce film de bande nostalgique, souvent drôle (avoir ou ne pas avoir une tête de Guillaume) et au bout du compte plutôt optimiste bien qu’empreint d’une douce et entêtante mélancolie.
Lire la fort belle critique de Sébastien Mauge.
— -
Le DVD
Disponible le 5 juillet 2011, la remarquable édition DVD du premier long-métrage de Mikhaël Hers offre en prime ses trois moyens-métrages antérieurs.
Les suppléments
C’est un DVD entier de suppléments que nous propose cette édition généreuse, nous permettant d’avoir accès à l’oeuvre (provisoirement) intégrale de Mikhaël Hers. Ses trois premiers moyens-métrages ne sont pas de simples esquisses de Memory Lane mais de très beaux films-poèmes qui ont chacun leur tonalité propre tout en se répondant l’un l’autre.
– Charell, 45mn, présenté à cannes en 2006 dans le cadre de la Semaine Internationale de la Critique, est librement adapté du chapitre IX du roman de Patrick Modiano De si braves garçons (1982). La proximité entre l’univers du cinéaste et celui de l’écrivain est évidente et Hers trouve, sans avoir l’air de forcer, la tonalité juste pour ces bribes de l’histoire d’une amitié d’enfance qui resurgit après vingt-cinq ans dans le décor hivernal du quartier du Bois de Boulogne en hiver. Perception atmosphérique des lieux et du temps qui passe, personnages présents et absents à la fois (remarquable interprétation de Jean-Michel Fête dans le rôle principal, mais aussi de Marc Barbé, Anicée Alvina, Dinara Droukarova, Marie Kremer, Pierre Louis-Calixte et Philippe Suner) : ce premier essai est une réussite éclatante.
– Nombre de motifs de Memory Lane sont présents dans l’exquis Primrose Hill (2007, 57mn), les deux films apparaissant comme deux variations musicales sur le même thème. La mélancolie est plus affirmée dans cette première mouture automnale à laquelle une voix off qui décrit (au passé) autre chose que ce que nous voyons à l’image donne une tonalité durassienne. Le morceau de bravoure est une étonnante et délicate scène de sexe filmée quasiment en temps réel (un quart du métrage) qui prend le contre-pied de ce qu’on a l’habitude de voir à l’écran et dont on retrouvera un équivalent, en nettement plus court, dans la salle de gym de Memory Lane.
– Plus ramassé dans le temps (une nuit) et l’espace (le quatorzième arrondissement de Paris, entre Montparnasse et Alésia), le troisième opus (2009, 59mn) de Mikhaël Hers se présente sous la forme d’un film à sketchs en trois mouvements et déroule, au fil de conversations nocturnes dans les rues, des cafés ou des intérieurs d’appartement, les motifs présents aussi dans les deux autres autres pièces de ce qui apparaît comme une trilogie : des retrouvailles après une longue absence, la douleur liée à la disparition d’un proche (la mort récente de la soeur dans l’épisode central), les rêves d’adolescence (une carrière dans la musique) qui peut-être ne se réaliseront pas. L’impression de familiarité est évidemment renforcée par la présence d’acteurs vus dans les autres films dans des rôles souvent très proches. La tonalité est ici plus grave mais c’est encore une fois la légèreté de touche qui fait naître l’émotion.
– Les programme est complété par un entretien de dix-sept minutes avec Luc Moullet devant le magnifique panorama sur Paris qu’offre la terrasse du Parc de Saint-Cloud, décor récurent des films de Hers (Le cinéaste de la banlieue Ouest). Il parle avec un enthousiasme communicatif des thèmes et figures caractéristiques de ce cinéma urbain du terroir où la nature occupe une si grande place : les déambulations en groupe d’un pas pressé, les aller-retours en train (Paris-banlieue), la manière dont les personnages y parlent de rien, le thème de la disparition qui est au coeur de ces films fortement empreints de mélancolie.
Image
La résolution n’est pas parfaite et les pixels sont apparents par moments, notamment dans les scènes de nuit. Mais les belles couleurs de fin d’été sont bien là, un peu forcées à vrai dire (l’orange en particulier). Une (très) légère déception donc mais rien de rédhibitoire.
Son
Pour un film où la musique occupe une place centrale (compositions de David Tahiti Boy Sztanke, également acteur, et nombreuses citations) il fallait un traitement sonore à la hauteur. On recommandera la version en Dolby 5.1 qui spatialise efficacement mais sans exagération. Il y a également une version 2.0, plus plate mais fort correcte.
Galerie Photos
Le choix du rédacteur
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.