Le 6 mai 2021
Il fallait bien toute la douceur du regard de Mikhaël Hers pour envelopper d’une telle grâce ce sujet poignant.
- Réalisateur : Mikhaël Hers
- Acteurs : Marianne Basler, Greta Scacchi, Vincent Lacoste, Jonathan Cohen, Stacy Martin, Raphaël Thiéry, Nabiha Akkari, Isaure Multrier, Ophélia Kolb
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pyramide Distribution
- Durée : 1h47mn
- Date télé : 6 mai 2021 13:35
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 21 novembre 2018
- Festival : Festival de Venise 2018, Arras Film Festival 2018
Résumé : Paris, de nos jours. David, 24 ans, vit au présent. Il jongle entre différents petits boulots et recule, pour un temps encore, l’heure des choix plus engageants. Le cours tranquille des choses vole en éclats quand sa sœur aînée meurt brutalement. Il se retrouve alors en charge de sa nièce de 7 ans, Amanda.
Critique : David est un "adulescent" éminemment sympathique et légèrement immature. Il vit au jour le jour, organise sa vie au gré de ses envies entre ses amis et sa famille. Il nourrit un lien particulièrement tendre avec sa nièce, même si ça ne l’empêche d’oublier d’aller la récupérer à la sortie de l’école. Mais un jour, un accident de la vie anéantit cette belle insouciance et le place face à des choix auxquels il n’aurait jamais imaginé devoir être un jour confronté.
- Copyright Nord-Ouest Films
Voilà ainsi tissée la trame d’une histoire qui, faute d’être traitée avec précaution, a toutes les chances de s’enliser dans un misérabilisme de mauvais aloi. C’est pourtant un récit d’une infinie délicatesse qui va nous être proposé. Car Mikhaël Hers qui nous avait déjà ému en 2016 avec Ce sentiment de l’été possède incontestablement ce don particulier de savoir sublimer la douleur de l’absence. Reprenant le thème du deuil, il l’aborde cette fois de manière plus directe. Comme dans ses précédents films, il prend le temps d’installer ses personnages dans un quotidien qu’il nourrit d’infinis détails pour nous les rendre plus proches au cœur d’un Paris qu’il filme avec la tendresse que l’on voue à ceux qui, après une blessure profonde, tentent de renouer avec une légèreté perdue. Il multiplie les trajets en vélo et les plans sur les espaces verts (David est d’ailleurs élagueur à ses moments perdus) et nous livre l’image d’une ville apaisée jusqu’à ce que cette belle harmonie explose sous le poids d’événements collectivement tragiques, dont il prendra soin de ne jamais étaler la violence. Car ce qui l’intéresse avant tout, ce sont les parcours personnels de ceux qui doivent réapprendre à vivre après une telle déflagration.
- Copyright Nord-Ouest Films
La narration s’organise alors autour du duo David/Amanda qui, porté par une mise en scène pudique et élégante, donne libre cours aux émotions les plus authentiques de chacun d’entre nous. Vincent Lacoste révélé en 2009 tient assurément là le plus beau rôle de sa courte mais déjà riche carrière. Sa pseudo-nonchalance, sa grâce un peu gauche, son phrasé hésitant transforment son personnage en un être infiniment touchant dont on partage sans réserve les les questionnements et la difficulté à se glisser en un temps record au rang d’adulte pour lequel il n’est nullement bâti. Mais son jeu, si émouvant soit-il, n’aurait pu atteindre une telle intensité sans la présence de la toute jeune Isaure Multrier (qui prête ses traits à Amanda) tant la complicité qui les unit est perceptible. Son regard clair et sa silhouette poupine tranchent avec sa maturité intellectuelle qui, teintée de naïveté, nous va droit au cœur.
- Copyright Nord-Ouest Films
Et puis, pour aérer la trame de ce qui, au-delà de la tragédie, s’apparente de plus en plus à la délicate peinture d’une douloureuse expérience humaine, le récit s’enrichit de quelques personnages réconfortants. Dressant le portrait de la mère vagabonde (la trop rare Greta Scacchi) qui, après voir failli à sa tâche d’éducatrice cherche à renouer les liens, ou analysant tendrement les raisons des amours déçues avec la douce Lena (Stacy Martin), déboussolée par les horreurs auxquelles elle vient d’être confrontée, il renforce d’une délicate dose émotionnelle la lente reconstruction de ces êtres bousculés par l’injustice de la vie.
Avec ce troisième long-métrage tout en subtilité, Mickhaël Hers se positionne assurément comme l’un des plus fins observateurs cinématographiques de la grande aventure humaine. Malgré un thème qui n’incite guère d’emblée à la gaieté, Amanda est avant tout un film optimiste et lumineux qui affirme que, derrière les obstacles que la vie sème sur notre route peuvent se cacher des histoires aux richesses inattendues. Un film bouleversant qui fait du bien et ne devrait avoir aucun mal à se hisser parmi les valeurs sûres de cette fin d’année.
- Copyright Nord-Ouest Films
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
ceciloule 30 décembre 2018
Amanda - la critique du film
Une infinie délicatesse, c’est tout à fait ça. Des personnages profonds et attachants, auxquels on s’identifie facilement. Vincent Lacoste est touchant de gaucherie et son jeu est admirable, tout comme celui de la petite Amanda, craquante (pour en savoir plus : https://pamolico.wordpress.com/2018/12/30/grandir-ne-fait-pas-que-mal-amanda-mikhael-hers/)