Le 9 octobre 2022
Dans un style aérien et sublimé, Mikhaël Hers fait un cadeau au cinéma. Une pure merveille.
- Réalisateur : Mikhaël Hers
- Acteurs : Emmanuelle Béart, Charlotte Gainsbourg, Didier Sandre, Thibault Vinçon, Laurent Poitrenaux, Noée Abita, Lilith Grasmug, Megan Northam, Quito Rayon Richter
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pyramide Distribution
- Editeur vidéo : Pyramide Video
- Durée : 1h51mn
- Date de sortie : 4 mai 2022
– Sortie DVD/Blu-ray : 6 septembre 2022
Résumé : Paris, années 80. Elisabeth vient d’être quittée par son mari et doit assurer le quotidien de ses deux adolescents, Matthias et Judith. Elle trouve un emploi dans une émission de radio de nuit, où elle fait la connaissance de Talulah, jeune fille désœuvrée qu’elle prend sous son aile. Talulah découvre la chaleur d’un foyer et Matthias la possibilité d’un premier amour, tandis qu’Elisabeth invente son chemin, pour la première fois peut-être. Tous s’aiment, se débattent... Leur vie recommencée ?
Critique : Élisabeth a les traits fatigués. C’est une mère de famille qui vient de se faire quitter par son mari. Elle n’a jamais travaillé et elle doit élever ses deux adolescents dans le Paris des années mitterrandiennes. Car le film s’ouvre sur la grande victoire de 81. Pendant que les Parisiens s’ébrouent de cris, elle est cette femme triste, seule, qui doit réécrire son existence. Les passagers de la nuit est autant une chronique familiale délicate, que la reconstitution de dix ans de musique, de nuits parisiennes et de désillusion. Mikhaël Hers brouille les sons, les images, en insérant entre le film et le spectateur des filtres qui rappellent si bien les films pigmentées de la télévision de l’époque.
- Copyright Pyramide Distribution
Le long métrage peut se regarder comme une chronique douce amère d’une famille. C’est aussi un hommage non dissimulé au cinéma. On retrouve dans cette façon de capter les lumières, les gens, ce qui a fait la magie des films de Rohmer, Chéreau ou Beineix. Le cinéaste parle des années 80 à travers la figure attentive de ses héros du quotidien. Il y a Élisabeth bien sûr, belle et timide, drapée dans son rôle de mère. Il y a aussi les deux enfants, et ce petit oiseau de nuit, à la voix crépusculaire, qui s’invite dans le cocon familial. Jamais on n’aura rendu au cinéma une telle sensation d’amour avec autant de féerie. Les personnages sont pétris d’une infinie délicatesse qui illumine chaque séquence du film. La plupart des scènes se passent la nuit, dans une ville embuée par la mélancolie, où chacun doit trouver sa propre voie du bonheur. Et il y a la musique, vibrante et profonde, qui transporte le spectateur dans une dimension lunaire.
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Merveilleuse Charlotte Gainsbourg ! C’est le qualificatif essentiel qui ressort du film. Le réalisateur lui offre là un rôle immense. La comédienne irradie de douceur et beauté la narration, sans jamais céder à la facilité. Elle interprète une mère maladroite et aimante. Chaque regard, chaque mouvement de la bouche, chaque pas écrasé sur le parvis parisien s’interprètent comme une avancée sensible vers une forme de renaissance. L’interprétation est si juste qu’on ne sait plus s’il s’agit d’un personnage de film ou de l’actrice elle-même. Elle cristallise à la fois les tourments de l’abandon et la possibilité d’amour. Elle sait toucher le spectateur dans ce portrait vivant d’une mère, d’une amoureuse et d’une artiste. Et elle donne aux personnages qui l’entourent l’épaisseur nécessaire.
- Copyright Pyramide Distribution
Les passagers de la nuit est peut-être le film de ce printemps 2022. Le récit échappe aux poncifs du mélodrame. C’est une histoire familiale, un hommage aux années 80, une invitation à aimer le cinéma. C’est aussi un écrin de musique et d’images sorties des pensées d’un cinéaste amoureux de ses personnages.
Le test Blu-ray
Image :
La volonté du réalisateur de nous plonger dans le premier septennat de Mitterrand (1981-1988) est une réussite sans que cette dernière soit "muséale", pour reprendre ses propres propos. L’image a une douce texture avec aussi des archives d’époque.
Son :
Le soundtrack ne vous décevra pas entre un éventail de chansons "préexistantes" ancrées dans les années 80 auquel s’ajoute le son électronique du compositeur Anton Sanko déjà sollicité auparavant par Mikhaël Hers pour son film Amanda (2018).
Bonus :
Un cocktail de petites merveilles à savourer sans modération est offert au spectateur qui ne saurait les refuser :
– Analyses de deux scènes par la journaliste Marilou Duponchel ;
– Scène additionnelle à la Maison de la Radio ;
– Musique originale d’Anton Sanko ;
– Livret d’entretiens avec Mikhaël Hers et Charlotte Gainsbourg (que nous n’avons pas eu la chance de feuilleter).
Galerie Photos
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Marc Poquet 18 mai 2022
Les passagers de la nuit - Mikhaël Hers - critique + test Blu-ray
Il est vrai que le parti-pris du réalisateur de rester sur cette fragilité et sur cette douceur, donne au film un ton très particulier et assez agréable. Mais en gommant toute tension, il perd à la fois en dramaturgie et en crédibilité.
La drogue c’est pas aussi simple que ça, il ne suffit pas d’une bonne nuit de sommeil pour décrocher. Et un chagrin d’amour à cet âge là c’est plus explosif non ?
Bref, même si l’on peut comprendre la démarche de Mikhaël Hers, le film aurait gagné en intérêt avec un peu plus d’ardeur dans la narration.