Ciel éther
Le 27 novembre 2010
Malgré quelques défauts, Memory Lane est une jolie bulle de nostalgie empreinte de douceur et d’amertume. Un premier film intéressant.
- Réalisateur : Mikhaël Hers
- Acteurs : Thibault Vinçon, Lolita Chammah, Dounia Sichov
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Date de sortie : 24 novembre 2010
- Plus d'informations : Le site officiel du film
L'a vu
Veut le voir
– Durée : 1h38mn
Malgré quelques défauts, Memory Lane est une jolie bulle de nostalgie empreinte de douceur et d’amertume. Un premier film intéressant.
L’argument : Août, Hauts de Seine, dans la banlieue Sud-Ouest de Paris, sept amis de 25 ans se retrouvent plus ou moins "fortuitement" à passer quelques jours dans cette ville qui les a vus grandir. Chacun a ses raisons d’être là : certains y vivent encore, d’autres y reviennent pour des raisons familiales, d’autres y cherchent des traces d’une adolescence tenace, d’autres pensent peut-être échapper au désoeuvrement ou y trouver l’amour...
Notre avis : On ressort de la projection du premier long-métrage de Mikhaël Hers comme on sort d’un doux rêve languide : l’esprit brumeux et engourdi, tentant désespérément de recoller les morceaux d’un récit qui nous échappe inexorablement, à mesure que l’on réintègre la réalité. Memory Lane a la douceur et la légèreté d’un nuage élégiaque dont les vapeurs cotonneuses nous délivreraient l’ivresse mélancolique, le nectar nostalgique des regrets éternels.
Le jeune réalisateur a choisi fort judicieusement d’épouser le rythme si particulier du mois d’août, cette période de l’année paradoxale, où le temps s’étire à l’infini malgré la menace permanente et obsédante de la rentrée qui signera la fin de la vacance du corps et de l’esprit, pour se fixer à nouveau sur le quotidien des onze prochains mois. Le fait d’enfermer ces personnages dans cette bulle intemporelle, bien que résolument tournée vers le passé, est le résultat d’un questionnement pertinent sur l’œuvre du temps qui passe. Les protagonistes vivent comme des fantômes prisonniers de l’illusion d’un passé fantasmé (l’un d’eux vit dans son ancien collège), un sentiment accentué par le jeu parfois maladroit et gêné de certains acteurs. On ressent comme un délicieux malaise à la vision de ces êtres qui soit n’arrivent pas, soit ne veulent pas avancer. Mais le temps les rattrape, la mort aussi, et la menace gronde autour d’eux comme ce vent omniprésent qui vient balayer l’espoir de rester figé à tout jamais. Il faut noter ici la remarquable musique qui ne souligne pas mais accompagne avec sensibilité et délicatesse l’errance de ce groupe d’amis. Elle est signée par le leader (également acteur dans le film) de l’excellent groupe Tahiti Boy and the Palmtree Family.
Alors bien sûr, tout n’est pas parfait, et même si le propos est intemporel, il ne parvient tout de même pas à prétendre à l’universel. Cette banlieue sclérosée dans laquelle les tournantes ne concernent que des parties de ping-pong, revêt une intime importance d’ordre autobiographique pour Mikhaël Hers, ce qui de fait n’évoquera pas grand-chose à bon nombre de spectateurs. Il y a également un côté factice dans cette entreprise (comme l’inutile attaque des skinheads) qui fait perdre de la fraîcheur à l’ensemble et le scénario tricote parfois des ficelles rigides là où l’on aurait préféré qu’il laisse se dérouler le fil délicat d’une pelote de laine mémorielle. Pour autant, ce premier film sort du lot et mérite grandement toute notre attention.
La bande-annonce : ICI
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.