DS et Teppaz
Le 13 juin 2010
Une adaptation subtile d’un roman de Modiano et une reconstitution intrigante du Paris des années 60 irradiée par la beauté sombre de Laura Smet, nouvelle Anna Karina.
- Réalisateur : Alain Nahum
- Acteurs : Laura Smet, Hippolyte Girardot, Théo Frilet
- Genre : Drame, Téléfilm
- Nationalité : Français
- Editeur vidéo : Doriane Films
- Date de sortie : 20 novembre 2009
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– Durée : 1h33mn
Une adaptation subtile d’un roman de Modiano et une reconstitution intrigante du Paris des années 60 irradiée par la beauté sombre de Laura Smet, nouvelle Anna Karina.
L’argument : Paris, 1961. Jean, étudiant, croise Marie au Quai des Orfèvres où il est convoqué sans savoir pourquoi. Secrète et mystérieuse, la jeune fille semble déjà marquée par la vie. Jean l’héberge dans le grand appartement qu’il partage avec un vieil ami de son père. Mais Marie veut rompre avec son milieu crapuleux, auprès de qui elle fait passer Jean pour son frère. Des liens forts vont se tisser entre eux, malgré les risques qu’ils courent...
Notre avis : Cette adaptation pour France 2 du roman Un cirque passe, publié en 1992, prend le parti d’une assez grande liberté vis à vis du texte de Patrick Modiano. Le scénariste Jacques Santamaria et le cinéaste Alain Nahum ont choisi d’ancrer précisément l’intrigue dans le Paris de 1961 et de parsemer le film d’allusions à la guerre d’Algérie. Le risque était d’éventer quelque peu l’atmosphère mystérieuse du roman en indiquant trop clairement les tenants et les aboutissants des actions des personnages.
Un autre piège était celui de la reconstitution historique qui, à la télévision plus encore qu’au cinéma, sent généralement le magasin d’accessoires tocs.
Ces deux pièges ont été évités ici. Les personnages du film gardent tous une réelle opacité et la reconstitution des années 60, axée sur quelques objets clés, une DS, un électrophone Teppaz, une radio miniature à piles... est une réussite de même que le numéro jazzy dans le cabaret à Pigalle sur le thème de A la claire fontaine.
La topographie parisienne très précise du roman a été quelque peu modifiée mais la ville, telle qu’elle apparaît à l’écran, est bien plus qu’un simple décor. Gares, cafés, entrées d’immeubles, passages, hôtels à la semaine, boites de nuit, sont ces lieux où on se croise et où on se perd, et où s’ébauchent des histoires qui peuvent à tout moment s’interrompre. Un climat romanesque très prenant imprègne Des gens qui passent, assez proche au bout du compte de celui du roman, même si les moyens employés pour l’instaurer sont différents.
Certes le nappage musical insistant et une post-synchronisation trop perceptible [1] empêchent le film de se détacher totalement d’une certaine gangue télévisuelle. Il est vraiment dommage qu’on ne soit pas parvenu à créer une atmosphère sonore qui aurait prolongé, creusé pour ainsi dire, l’incontestable réussite visuelle. Mais un charme véritable se dégage de l’ensemble.
Ce charme doit beaucoup aux acteurs. Ils se sont, à l’évidence, imprégnés des attitudes et de la gestuelle Nouvelle Vague en ingurgitant à fortes doses des films de l’époque. Laura Smet, qui s’inspire avec bonheur d’Anna Karina, compose un personnage énigmatique et troublant. C’est elle surtout qui, par sa simple et lumineuse présence, insuffle au film ce mystère qui contamine tout ce qui l’entoure.
Le DVD
Une édition DVD de belle tenue mais un peu succincte.
Les suppléments
On aurait aimé disposer de quelques éléments d’information sur les partis pris choisis pour l’adaptation du roman de Modiano, ainsi que sur l’intéressant travail de reconstitution du Paris des années 60. Il faudra se contenter d’un entretien de 12mn, sympathique et sans prétention, avec les deux acteurs principaux et d’une galerie photo.
Image
L’image, aux belles couleurs froides, jouit d’une excellente définition et rend parfaitement justice au remarquable travail du chef opérateur Yves Lafaye.
Son
Les voix trop réverbérées et l’absence de perspective sonore malgré les bruitages trahissent le studio de post-synchronisation. Ces défauts sont certainement d’origine et la restitution en DVD est tout à fait correcte.
[1] Mea culpa : Pas de post-synchronisation (presque pas).
Le mixeur du film , Eric Bompard, ayant attiré mon attention sur une erreur d’appréciation de ma part en ce qui concerne la bande son, je me permets de le citer et de le remercier pour les précieuses informations qu’il nous apporte sur le film et ses conditions de tournage : "Sachez que concernant ce film, le tournage a été entièrement réalisé en son direct, il n’y a quasiment pas de post-synchro (à peine quelques mots, même pas des phrases entières). La réverbération, notamment dans les appartements, est parfaitement naturelle et n’a pas été ajoutée au mixage. Au contraire, la prise de son a été réalisée à la perche, avec très peu de micros HF, comme dans les films des années 60 où les HF n’existaient pas. Nous ne sommes plus habitués à entendre beaucoup d’acoustique sur les voix, car la plupart des films de maintenant usent et abusent des micros cravates, ce qui a peut-être créé chez vous cette confusion. Si vous écoutez les films de cette période, vous pourrez sans doute vous en rendre compte. De plus, sachez qu’il s’agit d’un téléfilm, c’est à dire d’un budget très réduit où les temps de production sont divisés par 5 par rapport au moindre long métrage. "
Galerie Photos
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