Le virus de l’amour
Le 7 juillet 2021
Cette œuvre inventive confirma le talent singulier de Léos Carax, qui retrouvait Denis Lavant et dirigeait pour la première fois Juliette Binoche.
- Réalisateur : Leos Carax
- Acteurs : Michel Piccoli, Denis Lavant, Julie Delpy, Juliette Binoche, Hans Meyer
- Genre : Drame, Thriller, Romance
- Nationalité : Français
- Distributeur : AAA Distribution (Acteurs Auteurs Associés)
- Editeur vidéo : France Télévisions Distribution
- Durée : 2h05mn
- Date télé : 3 mars 2022 20:40
- Chaîne : OCS City
- Reprise: 28 septembre 2016
- Date de sortie : 28 novembre 1986
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Sous l’accablante chaleur dégagée par la comète de Halley, la population parisienne est frappée par un virus tuant ceux qui font l’amour sans s’aimer. Dès lors, deux bandes rivales vont se disputer le germe de ce virus qui devrait permettre de créer un vaccin et sauver la population. Alex et Anna vont vivre une dangereuse aventure...
Critique : Mauvais sang se situe dans la filmographie de Leos Carax entre Boy meets girl (1984), son premier long métrage, et Les amants du Pont-Neuf (1991), dont l’insuccès freinera la carrière de l’auteur, avant que le bide de Pola X (1999) ne lui porte le coup de grâce. Ressuscité avec le succès critique de Holy Motors (2012), Leos Carax semble attirer à nouveau l’attention des cinéphiles, éditeurs, exploitants, et sites de streaming, lui qui avait connu une traversée du désert de plus de dix ans. Du coup, son cinéma des années 80, passé aux oubliettes d’une cinéphilie qui l’avait pourtant porté aux nues en son temps, est à nouveau réévalué... Mauvais sang fut tourné avec un budget confortable et le jeune Carax réussit à convaincre les producteurs de placer en tête d’affiche Denis Lavant, son acteur fétiche, atypique par son jeu et son physique, et dont le personnage d’Alex, acrobate ventriloque, délinquant et amoureux, est la figure centrale de l’intrigue. Pour l’épauler, Juliette Binoche, star montante du cinéma français, et le très prolifique Michel Piccoli lui donnaient la réplique. Le casting comprenait aussi la débutante Julie Delpy, le vétéran Serge Reggiani (sans doute en hommage à Becker et Melville), et le Britannique Hans Meyer, à qui Godard avait confié une brève composition de gangster dans Pierrot le Fou, et qui reprend ici cet emploi. Le film a d’ailleurs des correspondances avec l’œuvre de l’auteur d’À bout de souffle :
- Copyright Tamasa Distribution
c’est par ce ton de polar décalé et cette succession de références explicites et implicites, citant littérature (Rimbaud), cinéma (Fellini, Cocteau...), mais aussi peinture, BD et musique, pour composer un vertigineux poème visuel et sonore. Enfant chéri des Cahiers du Cinéma (dont il fut un temps rédacteur), Carax dépasse l’exercice de style de chapelle pour imposer un véritable univers, qui révèle un sens de l’atmosphère et une réelle virtuosité (le saut en parachute des deux amants ou le travelling sur la course de Lavant, sur fond de Modern Love de Bowie). Carax est bien aidé par son équipe artistique et technique, et on louera la photo de Jean-Yves Escoffier qui joue admirablement sur le travail des couleurs, et valorise la composition plastique du film. Au niveau du récit, on reste touché par cette mélancolique histoire d’amour sur fond de danger criminel et médical, le virus dont il est question faisant indiscutablement écho aux sida, fléau de la décennie. Ce « MacGuffin », seul ancrage du film dans la réalité sociale de son époque, est en fait un prétexte pour présenter une vision à la fois idéalisée et pessimiste de « l’amour qui va vite mais dure toujours », selon les termes d’Alex au début de l’intrigue. S’il n’est pas exempt d’afféteries et de digressions jeunistes, Mauvais sang est un film d’un beau romantisme noir, et peut-être l’œuvre la plus aboutie de son auteur.
– Prix Louis Delluc 1986
La chronique vous a plu ? Achetez l'œuvre chez nos partenaires !
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.