Martin Scorsese : Prix Lumière 2015

Martin Scorsese, "The King of cinema" succède à l’espagnol Pedro Almodovar et recevra le 16 octobre prochain le prestigieux prix Lumière pour l’ensemble de sa carrière. Affranchi des cadres du cinéma classique hollywoodien, le réalisateur de Taxi Driver et Shutter Island, fort de 23 longs-métrages et d’un sens du dialogue hors-norme, a su imposer sa griffe et compte parmi les artistes les plus doués et inspirés de sa génération.

Eastwood, Forman, Depardieu, Loach, Tarantino, Almodovar : six prix Lumière, six lyonnais d’adoption le temps d’un festival hors du temps. Un lieu : Lyon. Ville chargée d’histoire, de rêves en bobines, ville de cinéma. Après le triomphe de Pedro Almodovar l’an dernier, c’est au tour de l’américain Martin Scorsese d’ajouter à son incroyable palmarès le Prix Lumière remis par Thierry Frémaux et Bertrand Tavernier. Héros de Pauline Kael, la redoutable critique du New-Yorker, celui que tous les lyonnais appelleront bientôt "Marty" est l’un des représentants les plus emblématiques du « Nouvel Hollywood » des années 70, avec des films dotés d’une incroyable puissance d’évocation et d’une réelle audace formelle comme Taxi Driver, Palme d’or surprise du Festival de Cannes en 1976. Un réalisateur visionnaire, exigeant, ambitieux et toujours surprenant, capable d’allier les attentes du grand public à une forme d’expression éminemment personnelle. Scorsese a su prendre le pouls d’une société américaine en perpétuelle mutation, nous raconter ses joies, ses peurs, ses dérives en s’appliquant à suivre les pérégrinations d’un groupe d’individus ciblé. Ce sont ces individus, ces truands, ces paumés, ces marginaux à plus d’un titre, ces êtres parfois détestables que la caméra de Scorsese a toujours mis en valeur, leur permettant d’exister, de prendre chair. Le cinéma de Scorsese, c’est l’Amérique des bas-fonds, celle qui dérange, l’Amérique bis en train d’écrire sa propre page d’histoire. Mais c’est aussi une ouverture sur le monde, la musique, l’étrange, et une bible cinéphilique pétrie de multiples références. C’est enfin la collaboration avec des acteurs de légende comme Robert de Niro, Joe Pesci, Harvey Keitel ou Leonardo di Caprio, qui y trouvèrent leurs plus beaux rôles.
Une aubaine pour le spectateur qui pourra revoir sur grand écran des chefs d’œuvre tels que Les Affranchis ou Casino mais aussi des films moins connus de la filmographie du maître comme le génial King of Comedy, petit bijou à ne rater sous aucun prétexte en attendant la sortie de son dernier né : Silence.

Ryan Gosling chez Scorsese ? Pourquoi pas un jour. En attendant, le beau gosse mutique sera à l’affiche de Drive de Nicolas Winding Refn, le cinéaste nous gratifiant de sa présence pour présenter son nouveau livre sur la « sexploitation ». Coquin Nico ? Pleins d’autres surprises vous attendent du 12 au 18 octobre pour une semaine de découverte et de redécouverte du cinéma d’hier et d’aujourd’hui, de La Folie des Grandeurs aux inédits du japonais Akira Kurosawa, en passant par de grands classiques remastérisés pour l’occasion. On cite en vrac Out of Africa, Docteur Jivago ou encore le padre des films de SF, j’ai nommé l’inégalable Blade Runner. Et pour les plus motivés, amateurs d’horreur kitsch et pétochards de tous poils, la nuit de l’horreur vous invite à bord de son train fantôme avant de livrer aux courageux survivants un petit déj’ bien mérité.

« Because we all love cinema. »