L’enfant sauvage
Le 22 mars 2015
Un long-métrage original et émouvant, qui part d’un fait historique pour mieux s’en éloigner et aller vers des thématiques intemporelles. Une jolie réussite.
- Réalisateur : Jean-Pierre Améris
- Acteurs : Isabelle Carré, Brigitte Catillon
- Genre : Drame, Biopic
- Nationalité : Français
- Editeur vidéo : Diaphana Édition Vidéo
- Durée : 1h35mn
- Date de sortie : 12 novembre 2014
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Sortie DVD : le 18 mars 2015
Un long-métrage original et émouvant, qui part d’un fait historique pour mieux s’en éloigner et aller vers des thématiques intemporelles. Une jolie réussite.
L’argument : Cette histoire est inspirée de faits réels qui se sont déroulés en France à la fin du 19ème siècle.
Née sourde et aveugle, Marie Heurtin, âgée de 14 ans, est incapable de communiquer avec le reste du monde.
Son père, modeste artisan, ne peut se résoudre à la faire interner dans un asile comme le lui conseille un médecin qui la juge « débile ».
En désespoir de cause, il se rend à l’institut de Larnay, près de Poitiers, où des religieuses prennent en charge des jeunes filles sourdes.
Malgré le scepticisme de la Mère supérieure, une jeune religieuse, Sœur Marguerite, se fait fort de s’occuper du « petit animal sauvage » qu’est Marie et de tout faire pour la sortir de sa nuit...
Notre avis :Tiré d’une histoire vraie, Marie Heurtin est un film sobre, discret et simple, qui fut récompensé au Festival du Film de Locarno en 2014.
Plongé dans une atmosphère très intimiste, le spectateur est, dès les premiers instants, placé au cœur de l’intrigue. Tout se joue dans la gestuelle, les regards et le rapport à la nature. L’institut religieux dans lequel se déroule l’intégralité de l’histoire est un lieu silencieux - qui accueille des jeunes filles sourdes - et le réalisateur a joué de ce silence pour mieux donner à voir les émotions des personnages. Des émotions, il s’en dégage beaucoup de ces scènes de communication complexe, rendue possible grâce à toute une gestuelle improvisée, résultant d’une méthode d’apprentissage du langage novatrice, inventée par Sœur Marguerite. En effet, c’est grâce à un langage tactile, qui met en relation un objet avec un signe, que Sœur Marguerite parvient à communiquer avec Marie Heurtin. C’est la trajectoire de cet apprentissage semé d’obstacles que le film retrace avec finesse, en soulignant les différentes étapes. Un film sur l’humain, qui prône l’importance d’un sens d’ordinaire assez peu mis en avant : le toucher. C’est par le toucher que Marie Heurtin perçoit le monde.
© Michaël Crotto
Certes, le rythme est très lent et l’action relativement monotone - à l’image d’une vie de religieuse - mais cela participe d’une volonté de vraisemblance et d’immersion du spectateur dans le quotidien de Marie. Quelques temps forts viennent tout de même rythmer ce récit de vie, tels que la visite des parents de Marie, qui constitue un grand moment dans le parcours de la jeune fille. Véritable animal sauvage à son arrivée à l’institut - n’ayant aucune maîtrise des conventions sociales - Marie Heurtin se laisse peu à peu apprivoiser par Sœur Marguerite, qui se donne pour objectif de transformer l’animal apeuré en jeune fille civilisée. Ce n’est qu’à force de beaucoup de patience et de courage que la transformation s’opère, en même temps que la relation entre les deux femmes se consolide. Marie Heurtin, ce n’est pas seulement un film qui raconte l’histoire incroyable d’une jeune sourde-aveugle, c’est avant tout un film sur les relations humaines et sur la solidarité. Comme se plaît à le souligner Jean-Pierre Améris, il ne s’agit pas d’un drame historique, puisque l’intrigue est intemporelle.
© Concorde Filmverleih GmbH
En ce qui concerne les actrices principales, elles sont toutes deux admirables dans leurs rôles et jouent avec une grande conviction, ce qui ne fait que donner plus de crédit à l’histoire. Après Maman est folle et Les Émotifs anonymes, Marie Heurtin signe la troisième collaboration du réalisateur avec Isabelle Carré. Magnifique dans la peau de Sœur Marguerite, une femme déterminée, courageuse et d’une sensibilité à fleur de peau, cette dernière offre une remarquable performance. Quant à Ariana Rivoire, elle aussi sourde dans la vraie vie, elle incarne ici son premier rôle. Très convaincante, la jeune fille - qui a dû apprendre à se mettre dans la peau d’une aveugle - parvient à faire passer toute une palette d’émotions, grâce à une très grande expressivité, qui pallie l’absence de langage oral. En somme, tout est très mesuré dans ce film qui ne tombe jamais dans la surenchère, aussi bien dans les moments de joie que de tristesse. Un film à échelle humaine.
LE TEST DVD
Une édition correcte et riche en suppléments.
Les suppléments :
Un making of passionnant (25mn) donne des indications très riches sur le tournage, aussi bien du point de vue technique que du point de vue relationnel. Puis, un documentaire intitulé "Un cinéaste dans le monde des sourds" (15mn) évoque le travail avec les sourds et parle de la rencontre avec les sourdaveugles de l’institut de Larnay, qui a donné des idées au réalisateur, concernant la gestuelle de Marie Heurtin. Enfin, un entretien avec Jean-Pierre Améris (20mn) découpé en quatre parties permet de revenir sur différents points. Le réalisateur revient sur la genèse du film et son souhait de mettre au centre de l’écran des personnes différentes. Il évoque ensuite son enquête auprès des sourdaveugles, sa rencontre avec Ariana Rivoire et sa collaboration avec Isabelle Carré. De nombreuses informations intéressantes sont délivrées dans ces suppléments, qui proposent tous une version avec sous-titres pour sourds et malentendants.
L’image :
L’édition DVD offre une image parfois un peu trop lumineuse, ce qui tend à rendre les visages des personnages blanchâtres. Rien de très gênant cependant, le problème principal demeurant une information visuelle pas assez riche par rapport à beaucoup d’éditions contemporaines.
Le son :
Deux pistes son proposées : une Dolby Digital 2.0 et une Dolby Digital 5.1. Le sujet du film ne permet pas vraiment d’aller vers la performance sonore, puisqu’il s’agit d’un film très silencieux (l’environnement religieux + la présence de sourds réduisent quasiment la partie dialogues à néant). Cela dit, les bruitages naturels sont très fins et bien répercutés sur les enceintes arrières, ce qui donne un profond sentiment d’immersion dans le quotidien de Marie Heurtin.
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