Le 14 août 2023
Si le film aborde les effets du stress post-traumatique dans les rapports familiaux avec intelligence, la mise en scène poussive et parfois caricaturale génère l’agacement du spectateur.
- Réalisateur : Jean-Pierre Améris
- Acteurs : Benoît Poelvoorde, Audrey Dana, Nicolas Bridet, Jules Lefebvre
- Genre : Comédie dramatique, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Français
- Distributeur : Ad Vitam
- Durée : 1h45mn
- Date télé : 14 août 2023 22:50
- Chaîne : France 3
- Date de sortie : 28 juillet 2021
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Résumé : Émile, douze ans, vit dans une ville de province dans les années 1960, aux côtés de sa mère et de son père. Ce dernier est un héros pour le garçon. Il a été à tour à tour était chanteur, footballeur, professeur de judo, parachutiste, espion, pasteur d’une Église pentecôtiste américaine et conseiller personnel du général de Gaulle. Et ce père va lui confier des missions dangereuses pour sauver l’Algérie, comme tuer le général.
Critique : La première séquence met en scène une famille, avec un père pour le moins extraverti. Celui-ci débarque dans l’appartement lyonnais et vocifère contre le discours du général de Gaulle à la télévision. Nous sommes dans les années 60. Les crispations liées aux conflits avec l’Algérie gangrènent la société. La colère du père, et disons-le, sa violence, sont l’expression de cette guerre mal finie, qui a laissé les pieds-noirs, les Algériens et les Français de souche dans un état de paralysie totale. Etant donné le ton du récit, on se dit que nous avons affaire à une comédie comme Benoît Poelvoorde sait si bien les incarner. Le comédien s’agite, crie, en rajoute à la façon d’un personnage burlesque. Toutefois, le souci apparaît très vite, dans la mesure où ces gesticulations clownesques ne contribuent pas à alimenter le rire, mais sont censées servir un récit dramatique.
- Copyright Caroline Bottaro
Car il est question de stress post-traumatique. Le père, sans emploi, consacre toute son énergie à se raconter des histoires et surtout à précipiter son fils dans ses délires plus ou moins dangereux. L’épouse, qui assiste à ces pantomimes quotidiennes, tente autant qu’elle le peut de protéger son enfant, jusqu’à ce que celui-ci se laisse embarquer dans les troubles de persécution de son père. L’histoire s’enraye alors à travers une série de quiproquos peu crédibles, basculant dans une fausse tragédie, très mal ficelée.
- Copyright Caroline Bottaro
On regrette que Jean-Pierre Améris n’ait pas eu l’envie de traiter cette question sensible des traumatismes de guerre sur un mode strictement comique. Poelvoorde lui aurait rendu un fier service. En réalité, le long métrage s’égare dans une description assez grotesque de la folie et l’on peine à trouver quelque empathie à l’égard des personnages qui traversent le récit. Le petit garçon passe de l’enfant attachant et victime au garçon à son tour manipulateur et sans scrupules. Et la façon de filmer la mère, réduite à se taire, dormir sur un paillasson, assister à la brutalité de son mari depuis le comptoir de la cuisine, est désolante. Certes, l’épouse préfère ne pas regarder la réalité en face, mais elle est si passive, si transparente qu’on ne ressent vis-à-vis d’elle que colère et agacement. Bref, Profession du père, pourtant très attendu sur les écrans estivaux, passe à côté de son sujet. On n’en retiendra peut-être qu’une réplique de fin où la mère, justement, est interpellée par son fils devenu adulte sur des carpes qui nagent dans un bassin et nie l’existence des poissons dans l’eau. Comme quoi, les pires violences familiales ou conjugales sont d’abord une question de clairvoyance sur une situation que l’on vit.
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