Vous avez dit "famille" ?
Le 9 novembre 2020
Originale, énergique et plutôt bien mise en scène, Une famille à louer se révèle être une comédie divertissante.
- Réalisateur : Jean-Pierre Améris
- Acteurs : Benoît Poelvoorde, François Morel, Édith Scob, Nancy Tate, Virginie Efira, Philippe Rebbot, Pauline Serieys
- Genre : Comédie, Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Universal - StudioCanal
- Durée : 1h36mn
- Date télé : 1er mai 2023 21:10
- Chaîne : France 3
- Date de sortie : 19 août 2015
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Résumé : Paul-André, la quarantaine, est un homme timide et plutôt introverti. Riche mais seul, il s’ennuie profondément et finit par conclure que ce dont il a besoin, c’est d’une famille ! Violette, quadragénaire pleine de peps, est menacée d’expulsion et a peur de perdre la garde de ses deux enfants. Paul-André propose alors un contrat en tout bien tout honneur pour louer sa famille contre le rachat de ses dettes. Pour le meilleur et pour le pire…
Critique : Après l’intense Marie Heurtin, drame historique d’une grande puissance émotionnelle, Jean-Pierre Améris revient sur nos écrans narrer la rencontre improbable d’un riche héritier solitaire et d’une mère célibataire extravertie. Libérée des clichés prolétaires et de la démagogie politique, drôle, tendre et émouvante, cette comédie de caractères ravit par ses plans simples et précis, et ses personnages très bien construits et interprétés. Pierre-André (Benoît Poelvoorde) a suffisamment d’argent pour couler des jours heureux jusqu’à sa mort. Enfin, des jours heureux, tout est relatif. Seul avec son valet dans une immense baraque vide et tristounette, sans enfant, ni véritable ami, il ne connaît pas la vie de famille. C’est en voyant Violette (Virginie Efira), une maman fauchée qui se démène pour élever ses deux enfants, qu’il décide de découvrir la vie de famille. Mais la famille de Violette n’est pas la plus facile à vivre, et Pierre-André va vite s’en rendre compte. Leurs comportements, radicalement opposés, fonctionnent comme une véritable machine à conflits et à soucis, pour le plaisir certain des spectateurs.
Violette est une jeune femme excentrique, pittoresque et bordélique, avec une grande personnalité, quand Pierre-André est un homme timide, réservé et maniaque. Poelvoorde retrouve ici le même type de personnage que celui qu’il interprétait aux côtés d’Isabelle Carré dans Les Émotifs anonymes. De même Lucie et Auguste, les enfants de Violette, présentent les mêmes caractéristiques : Auguste est un enfant docile et curieux, quand Lucie est une adolescente rebelle, se disputant quotidiennement avec sa mère. C’est donc bel et bien cette opposition des attitudes qui conduit toute l’intrigue du film. La symbolique des couleurs des décors et des costumes le prouvent également, renforçant de ce fait les partis pris narratifs et esthétiques de Jean-Pierre Améris : la demeure de Pierre-André est vaste, grise et froide. A l’inverse, la petite maison de Violette est chaude et colorée, pleine de meubles et d’objets en tous genres. De cet ensemble naissent des situations comiques, mais aussi parfois gênantes pour les personnages comme les spectateurs (les scènes dans la chambre à coucher notamment).
A l’instar d’Etienne Chatiliez, Jean-Pierre Améris aime à porter des réflexions, plus ou moins pertinentes, sur la société et l’Homme modernes. Il suffit d’explorer sa filmographie, très éclectique, pour s’en rendre compte : du classique L’Homme qui rit (2012) à l’historique Marie Heurtin (2014) en passant par le socio-dramatique Mauvaises fréquentations (1999), le réalisateur a su explorer un grand nombre de genres cinématographiques et proposer au public une œuvre inégale mais riche et variée. On n’a donc aucun mal à deviner, derrière les situations cocasses de son dernier film, une réflexion profonde et assez adroite sur les liens familiaux. Car, si Pierre-André et Violette ont des personnalités bien distinctes, ils ont au moins un point commun : celui d’être en conflit avec des membres de leurs familles. Conflit plus ou moins silencieux. Si Pierre-André a, depuis belle lurette, coupé les ponts avec sa mère hautaine, Violette, qui elle, accorde une très grande importance à l’esprit de famille, feint de ne pas entendre les moqueries tranchantes de ses frères et sœurs. Et bien évidemment, il faut souligner l’importance qu’accorde Jean-Pierre Améris à l’amour et aux sentiments. Très fraîche et très sympathique, Une famille à louer se fait tranquillement sa place parmi les quelques comédies revigorantes de l’été.
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