J’ai peur de l’amour
Le 24 mars 2024
Entre comédie romantique et drame intimiste, Stéphane Brizé déborde de tendresse pour des personnages au bord du doute.


- Réalisateur : Stéphane Brizé
- Acteurs : Patrick Chesnais, Anne Consigny, Georges Wilson, Lionel Abelanski, Anne Benoît, Geneviève Mnich, Hélène Alexandridis
- Genre : Comédie dramatique, Romance
- Nationalité : Français
- Distributeur : Rezo Films
- Durée : 1h33mn

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Résumé : Cinquante ans, huissier de justice, le cœur et le sourire fatigués, Jean-Claude Delsart a depuis longtemps abandonné l’idée que la vie pouvait lui offrir des cadeaux. Jusqu’au jour où il s’autorise à pousser la porte d’un cours de tango...
Critique : La comédie romantique est un genre sans surprise qui nous offre exactement ce qu’on a envie d’y trouver. Autant dire que toute la différence se jouera sur la performance d’acteur ou la finesse du réalisateur.
Stéphane Brizé s’intéresse à l’âme humaine. Il nous parle de solitude, de mal être, de résignation. Il filme l’instant où les vies basculent pour céder à l’inconnu pour choisir la folie du rêve à la mort lente de la ligne droite. Le bleu des villes disait déjà cette conscience de la vie qui passe, de la fuite du temps, des illusions enfouies. Ici, Jean-Claude s’enfonce doucement dans cette torpeur qui flirte avec la mort, entre un père acariâtre et un métier qui en fait le bouc émissaire de toutes les détresses : huissier de justice. Un métier jamais choisi, repris au père et transmis tel quel à la génération suivante, une vie solitaire d’handicapé de l’amour qui a renoncé à tout. L’étincelle, ce sera le cours de tango, les corps qui s’enlacent dans une indifférence technique jusqu’à ce qu’arrive le frisson qu’on n’attendait plus.
Et le talent du réalisateur, c’est justement de ne jamais provoquer le bouleversement. Il filme des vies ordinaires qui pourraient simplement rester ce qu’elles sont sans que l’horizon en soit changé. Ses histoires parlent de doutes, d’amour, d’habitude et de respect. Le non-dit calfeutre un monde douillet où le malheur n’existe pas tant qu’on n’en parle pas. On ne sombre pas pour autant dans le conte de fées. Stéphane Brizé se tient toujours en équilibre entre la comédie et le drame intimiste, se pose en observateur et lance ses personnages dans la possibilité d’une vie. À eux de jouer... après le générique de fin !