Le 7 novembre 2017
Cette étude psychologique aborde avec classicisme et subtilité un sujet implicitement sulfureux.
- Réalisateur : Rebecca Daly
- Acteurs : Michael McElhatton, Rachel Griffiths, Barry Keoghan
- Genre : Drame
- Nationalité : Irlandais
- Distributeur : Outplay Distribution
- Durée : 1h36mn
- Titre original : Mammal
- Date de sortie : 8 novembre 2017
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Résumé : Margaret, quadragénaire divorcée, vit seule à Dublin. Elle tente de faire face à la disparition inquiétante de son fils. Un soir, après le travail, elle porte secours à Joe, une petite frappe de dix-sept ans. Cette rencontre va bouleverser sa vie…
Critique : Margaret est le second long métrage de la cinéaste irlandaise Rebecca Daly, révélée à la Quinzaine de Réalisateurs 2011 avec The Other Side of Sleep, polar décalé qui relatait les tourments d’une jeune fille somnambule perturbée par la disparition d’une femme. Le présent opus est de la même veine, et met en exergue les rapports ambigus entre deux êtres que rien n’aurait dû rapprocher. Margaret mène une morne existence, partagée entre un boulot peu épanouissant et la piscine municipale où elle vient se ressourcer, tandis que Joe, qui a l’âge d’être son fils, est un petit délinquant s’extériorisant par le vol et la violence, ne fréquentant qu’une bande d’adolescents sans foi ni loi. Ce qui semble les réunir est un passé familial douloureux : un divorce qui a laissé des traces indélébiles sur l’une, une rupture brutale avec la cellule parentale pour l’autre. La force du scénario (coécrit avec Glenn Montgomery) est de laisser des zones d’ombre dans la narration et de permettre au spectateur d’opérer sa propre interprétation des faits à la fois ordinaires et troublants qui se déroulent à l’écran.
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Le récit ne fait pas mystère que trois hommes avaient compté dans la vie de Margaret, dont son fils qui a fugué et un locataire parti précipitamment, lui laissant sa voiture en guise de caution. Mais qu’en était-il des relations entre ces trois-là ? Et l’on reste longtemps dubitatif quant aux intentions de Margaret quand elle propose à Joe de l’héberger : cherche-t-elle un geste humaniste, un substitut d’attention maternelle ou une aventure amoureuse ? D’aucuns estimeront que la cinéaste, à force de non-dits et d’ellipses, esquive le caractère implicitement sulfureux du scénario, encore que les interrogations du public trouvent en partie réponse dans des scènes sans équivoque. Ce serait lui faire un faux procès, tant son étude psychologique s’avère subtile, la réalisatrice parvenant à faire monter la tension avec une économie de moyens : un plan sur un regard soupçonneux, ou celui sur un chat s’approchant d’un bébé abandonné suffisent à distiller un malaise qui contribue à la réussite de l’œuvre.
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On regrettera juste quelques clichés de cinéma : la trousse d’infirmière qu’a forcément un personnage féminin pour soigner les blessures d’un homme, ou le pub local dans lequel vient inévitablement picoler le prolétariat aliéné. C’est un détail face aux qualités réelles du film, qui fait la jonction entre le cinéma de Ken Loach (celui de Kes) et les premières œuvres d’Andrea Arnold (Red Road). Rebecca Daly s’avère en outre une remarquable directrice d’acteurs : Rachel Giffiths, comédienne australienne qui a jusqu’ici tenu des seconds rôles (Tu ne tueras point) est impeccable en femme de tête rattrapée par ses fêlures. À ses côtés, le jeune Barry Keoghan est étonnant de magnétisme. 2017 est l’année de sa révélation, après ses compositions de jeune patriote dans Dunkerque de Christopher Nolan et d’ado manipulateur dans Mise à mort du cerf sacré de Yorgos Lanthimos.
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