Le 31 mars 2020
Le premier long métrage de Gus Van Sant, longtemps inédit, et librement adapté d’une nouvelle du poète Walt Curtis, est un pur joyau qui contient déjà l’univers désenchanté du réalisateur.


- Réalisateur : Gus Van Sant
- Acteurs : Tim Streeter, Doug Cooeyate, Ray Monge
- Genre : Drame, LGBTQIA+, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Distributeur : MK2 Distribution
- Editeur vidéo : MK2 Video
- Durée : 1h18mn
- Date de sortie : 11 octobre 2006
- Festival : Festival de Cannes 2006
– Année de production : 1985
Résumé : Walt, un jeune homosexuel, tombe fou amoureux de Johnny, un immigré mexicain, qui ne parle pas un mot d’anglais.
Critique : Mala noche est le premier film de Gus Van Sant. Daté de 1985, il est resté longtemps inédit en France et n’avait connu qu’une sortie confidentielle aux États-Unis, jusqu’à sa programmation à la Quinzaine des Réalisateurs 2006 et une sortie en salles cinq mois plus tard. Cette œuvre expérimentale est un pur joyau qui contient déjà l’univers désenchanté du réalisateur. Librement adapté d’une nouvelle du poète Walt Curtis, le film est en partie nourri par le romantisme des perdants. Fasciné par les pauvres et beaux garçons qui désirent accéder à la terre promise pour finir réduits à néant dans une ruelle, Gus Van Sant suit le parcours de deux personnages ténébreux. Un jeune Américain romantique s’entiche d’un Mexicain clandestin, avec qui il nouera une relation aussi obsessionnelle que vaine.
- Copyright Janus Films
Ce canevas modeste est filmé comme un rêve, et l’on songe aux ambiances nocturnes du Troisième homme et de La Soif du mal, qui ont manifestement influencé le réalisateur. En même temps, la beauté du noir et blanc n’est pas sans rappeler l’univers d’œuvres cultes de la décennie du tournage de Mala noche, comme Stranger than Paradise ou Nola Darling n’en fait qu’à sa tête. Pourtant, on peut penser que si Mala noche avait été découvert dans les années 80, le choc aurait été moins évident que pour les œuvres de Jarmush ou Spike Lee, tant il s’apprécie à la lumière de la filmographie future du réalisateur. Walt et Johnny, les deux garçons, sont de petits cousins du junkie de Drugstore Cowboy, des amants de My Own Private Idaho, des lycéens de Elephant ou de la rock star de Last Days, et l’on retrouve ce style teinté de montage elliptique et de description de déambulations.
- Copyright Janus Films
Le film est en outre l’un des fleurons du cinéma LGBT. Il n’est ni dans la catégorie des mélodrames gays (Philadelphia), ni dans celui des comédies loufoques (Priscilla, folle du désert), mais plutôt dans la veine des échappées oniriques (Querelle) qui étaient déjà celles de Cocteau, dans un registre certes plus suggestif. Cet premier film permet donc de mesurer le parcours réalisé un cinéaste indépendant important des années 2000, et d’avoir une idée des origines de son inspiration. On peut aussi regretter qu’après l’intéressant, mais trop classique biopic Harvey Milk, le cinéaste se soit fourvoyé dans des œuvrettes indignes de son talent, s’éloignant de la démarche de ses débuts.
Norman06 22 avril 2009
Mala noche - Gus Van Sant - critique
Un bijou qui révéla Van Sant. Annonce My Own Private Idaho et Last Days dans sa description d’une jeunesse désenchantée. Noir et blanc superbe.