Le 11 février 2020
Une ancienne courtisane qui a conquis l’Europe devient l’attraction centrale d’un cirque américain. Le dernier film d’Ophuls est un long-métrage génial et maudit.
- Réalisateur : Max Ophuls
- Acteurs : Peter Ustinov, Martine Carol, Anton Walbrook, Ivan Desny
- Nationalité : Français
- Durée : 1h56min
- Date de sortie : 25 décembre 1955
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Résumé : Aux États-Unis dans un cirque, un Monsieur Loyal (Peter Ustinov) promet au public un spectacle extraordinaire relatant la vie de Lola Montès, courtisane au passé sulfureux. Et c’est Lola Montès elle-même (Martine Carol) qui interprète son personnage.
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Notre avis : Film maudit, film démesuré, film testament, Lola Montès est tout cela à la fois.
L’histoire vraie de cette danseuse ratée, grande séductrice, qui finit en exhibition dans un cirque, est en soi plutôt effrayante. Il n’est pas évident de séduire les foules en ayant pour héroïne une femme en fin de carrière, en fin de vie pourrait-on dire, qui est à fois bousculée et choyée par un Monsieur Loyal massif et imposant.
Le choix imposé par les producteurs de Martine Carol desservit le film et provoqua en partie son insuccès. D’abord, les spectateurs de Caroline chérie ne supportèrent pas de voir leur actrice préférée, superstar à l’époque, dans un film quasi d’avant-garde.
Ensuite, Ophuls, conscient des limites de son actrice, l’a transformée en statue de cire inexpressive. C’est peut-être l’invention, par obligation pour le réalisateur, du modèle "l’acteur ne joue pas, il est" qui sera, plus tard, la marque de fabrique d’un certain Robert Bresson.
Le film, tourné en CinemaScope et en stéréo, formats imposés là aussi, a provoqué beaucoup de problèmes à l’auteur et à son équipe technique. Le choix d’une narration en flashback, rare dans les années 50, participera aussi à l’incompréhension du public. A tel point que le long-métrage a très vite été remonté "dans l’ordre" par les producteurs. Peine perdue : même remanié, il n’a pas eu plus de succès.
Et pourtant, on retrouve le talent et la signature inimitables d’Ophuls, tout le long du film. La vie de Lola Montès étant traversée de hauts et de bas, la quasi totalité des scènes est construite avec une caméra qui monte et descend d’une manière très gracieuse : escaliers, étages différents, échelles de cirque...
Une fois encore, le réalisateur nous offre des travellings incroyables : dans le cirque, dans le château en Bavière, dans un jardin italien et pour la toute dernière scène du film. A titre d’exemple, la longue recherche de fil et d’une aiguille dans le grand château bavarois est un modèle de mise en scène, alors que la séquence est complètement inutile à la progression de l’intrigue, ce qui ajoute à son charme
Restauré fidèlement à l’esprit de l’auteur en 2008, notamment grâce à son fils Marcel, lui aussi cinéaste, le film a été présenté au festival de Cannes et salué unanimement par la presse. Cette histoire sera le dernier long-métrage du réalisateur et un échec cuisant pour Ophuls, qui mourra en 1957, à seulement 54 ans. La reprise constitua une juste réhabilitation.
Test DVD/Bluray
Pas de surprise depuis la restauration de 2008. L’image est exceptionnelle, les couleurs étincelantes. Le son d’origine en stéréo est bien rendu. Côté bonus : juste un tout petit reportage, façon images volées, de surcroît muet, ainsi que des essayages coiffure de Martine Carol. Pauvre et sans intérêt pour les cinéphiles.
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